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On dit parfois des personnes âgées en mauvaise santé qu’elles ne passeront pas l’hiver.

Marilyn Mazur n’a pas attendu l’arrivée de l’hiver 2025/2026 pour nous quitter le 12 décembre à l’âge de 70 ans.

Cette batteuse et percussionniste majeure n’étant pas très connue du public français, il n’est pas inutile d’en brosser un rapide portrait pour souligner son originalité.

Peut-être peut-on commencer par un fait qui la distingue particulièrement : elle est la seule femme à avoir fait partie d’un groupe de Miles Davis, au sein duquel elle resta quelques années au milieu des années 80, enregistrant avec le trompettiste l’album « Aura ».


Par ailleurs, elle est la seconde femme et la seule Danoise a avoir remporté le Jazzpar Prize, considéré comme le Nobel du jazz, qui lui a été remis en 2001 à Copenhague.

C’est dire si Marilyn Mazur était reconnue comme une instrumentiste exceptionnelle par la qualité coloriste et polyrythmique de son jeu, aussi bien dans son pays (elle s’y établit à l’âge de six ans après être née à New York) qu’à l’étranger où elle fut recrutée comme sidewoman par des leaders du calibre de Wayne Shorter ou Jan Garbarek — qu’elle accompagna de nombreuses années, entre autres en duo.

Au Danemark elle débuta sa carrière avec des formations telles que le New Jungle Orchestra du guitariste Pierre Dørge ou avec le saxophoniste John Tchicai.

Mais elle fonda rapidement ses propres groupes, parmi lesquelles des formations exclusivement féminines telles que Primi Band ou plus tard Shamania qui regroupait une dizaine d’instrumentistes et chanteuses.

Elle devint ainsi une des figures majeures de la scène jazz danoise où elle était unanimement respectée.

Très active également sur la scène européenne, elle a collaboré avec des musiciens aussi divers que les Britanniques John Taylor et Norma Winstone, les Scandinaves Bobo Stenson, Nils-Petter Molvaer et Arild Andersen, l’Italienne Rita Marcotulli, les Allemands Peter Kowald et Eberhard Weber ou le Français Jean-Michel Pilc.

 

J’ai personnellement eu à plusieurs reprises l’occasion de l’entendre et de la voir en concert dans la cadre du Copenhagen Jazz Festival où elle était régulièrement invitée et j’ai pu apprécier ses qualités de leadeuse et son dynamisme contagieux.

Elle avait un art de la mise en scène lié à sa formation de danseuse, parallèlement à ses études de percussion classique, et ses shows avaient toujours un aspect visuel fascinant — ne serait-ce que par la taille imposante de son set de percussions dont elle tirait les sonorités et les rythmes les plus divers — qui faisait d’elle une des artistes favorites du public danois.

C’est donc non seulement une batteuse et percussionniste remarquable qui vient de disparaître mais aussi une compositrice fréquemment récompensée et une cheffe d’orchestre à la personnalité attachante qu’il n’est pas trop tard pour découvrir sur disque ou sur DVD maintenant qu’elle ne peut plus nous ravir sur scène.

©Photos Per Morten Abrahamsen

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