Un album rare en terme de sonorités jazz, un vrai dialogue entre ces deux instruments polyphoniques, l’accordéon et le marimba, une réelle complicité entre deux instrumentistes, musiciens et arrangeurs de talent qui ont tout de suite su comment nous faire vibrer.
Laissez vous emporter par ces good vibrations et une vraie lame de fond, dont la signification est plus profonde encore que la finesse des mélodies.
On y trouve du Béla Bartók : « Les Mikrokosmos », du Bill Evans : « Véry Early » du Eddy Louis « Sang mélé » un original du compositeur Pablo Pico en hommage à Ryuichi Sakamoto, le compositeur de Bos de films tels que Le Dernier Empereur.
Mais également une composition de la trompettiste qui monte… Airelle Besson que nous avons déjà passé dans notre émission Couleurs Jazz, sur Art District Radio.
Renaud Détruit – Marimba / Vibraphone
Florent Sepchat – accordéon
Florent Sepchat a bien voulu répondre en exclusivité à nos questions :
Couleurs Jazz – Qu’est-ce qui vous a poussés à faire ce projet « Duo Fines Lames » ? Pourquoi ? Et déjà ce titre ?
Florent Sepchat – Ce projet était au départ une simple rencontre pour un concert unique, sous forme de « carte blanche » proposée par la scène jazz Le Petit Faucheux à Tours. Une envie des faire dialoguer deux instruments un peu à la marge dans le monde du Jazz et d’expérimenter une instrumentation inouïe dans ce registre, même s’il existe ça et là des pièces pour accordéon et vibraphone, mais dans un répertoire contemporain et écrit. Le titre « Fines Lames » fait référence au fait que les deux instruments sont des lames vibrantes, les unes frappées et les autres soufflées, avec en plus une référence à l’escrime, au duel…
CJZ – Qu’aimeriez-vous que le public retienne de cette musique ? Qu’est-ce qui vous touche en général et là en particulier ?
FS – J’aimerais que le public soit surpris par l’ampleur et le potentiel expressif de ce duo, à travers un répertoire qui stimule l’imaginaire et sort des sentiers battus. Renaud et moi avons en commun cette volonté d’emmener nos instruments là on on ne les attend pas forcément. Nous avons tous les deux expérimenté des mondes très différents, la musique contemporaine, les musiques du monde, l’électrification, les effets sur les instruments, le rock, et notre approche, bien que totalement acoustique s’en ressent dans ce désir de texture, de contraste et d’éclectisme dans le répertoire. Une volonté de bâtir du beau avec un équilibre entre l’écrit et l’improvisé, le populaire et le savant, la simplicité et la complexité.
CJZ – Que pensez-vous du jazz actuel? de la musique en général ? de sa diffusion ?
FS – J’avoue ne pas être à l’affût de l’actualité du jazz, et de la musique en général. J’écoute de tout, de façon désordonnée, du jazz de toutes les époques, des musiques du monde, de la musique expérimentale, de la chanson. J’aime les personnalités et groupes « crossover », les indéfinissables, les caméléons, les furtifs, ceux auxquels on arrive difficilement à coller une étiquette. Ceux qui, malheureusement, n’ont pas une diffusion à la hauteur de leur talent, car il ne rentre pas dans les cases. Je regrette que les festivals et lieux de concerts soit souvent sectorisés, étiquetés par style, par type de public. Ça n’offre pas beaucoup d’occasions d’être surpris, de découvrir de nouvelles choses. Car les gens sont beaucoup plus curieux qu’on ne le pense, et pour avoir joué avec ce duo pour des publics et dans des lieux très différents, du mélomane averti au néophyte curieux, quand l’émotion est là, les a priori sur les styles ou les instruments disparaissent. Personnellement je suis assez heureux quand des auditeurs viennent nous voir après un concert et nous disent qu’ils n’aiment -apriori- pas le jazz contemporain, ou le classique, ou l’accordéon, mais qu’ils ont adoré notre concert. Ca prouve qu’on a réussi à faire tomber quelques barrières !
CJZ – Pouvez-vous nous parler aussi de votre collègue Renaud Détruit ? Pourquoi un duo et pas un trio, …voir plus ?
FS – Renaud Détruit est un musicien animé par une curiosité débordante, qui aime repousser les limites de ses instruments. C’est également un compositeur et un improvisateur chevronné, qui a travaillé notamment avec Frank Tortiller, celui qui a ouvert en France l’instrument vers de nouveaux horizons. Renaud fait partie de cette génération de musiciens, doté d’une solide technique instrumentale, qui aime jouer toutes les belles musiques, quelles soient savantes ou populaires, avec engagement et humilité et avec un soif permanente d’expérimentation et de nouveauté.
Pourquoi un duo ? Car il s’agit déjà deux instruments polyphoniques, qui couvrent toute l’étendue du spectre audible, et qu’ils sont rarement utilisés dans tout leur potentiel. On découvre les basses de l’accordéon, le registre grave du marimba, les possibilités de timbres avec les registres de l’accordéon, les modes de jeux, à l’archet sur le vibra, par exemple…Un véritable orchestre sous les doigts !
Ceci dit, nous avons un nouveau projet en collaboration avec le compositeur Pablo Pico qui se dessine et qui s’articulera autour de ce duo, avec deux musiciens qui viendront nous rejoindre, un violon et un violoncelle, ce qui ouvrira encore de nouvelles perspectives….
CJZ – Nous avons hâte de découvrir ce nouveau projet également !
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