Ray Charles a incarné la musique afro-américaine dans toute sa diversité avant d’en déborder le cadre pour devenir une vedette de renommée internationale dont l’œuvre a marqué de son empreinte le XXème siècle.
C’est donc la genèse de l’art d’un artiste d’exception que dévoile Joël Dufour dans la première partie de cette compilation intitulée « His Inspiration« .
On voit le Genius, encore à l’orée de sa carrière, bâtir son répertoire en empruntant largement à ses contemporains selon une démarche révélée par la comparaison des reprises aux versions originales qui l’ont inspiré. C’est ce que montrent ses premières faces Swing Time de 1949 marquées par la production du trio de Nat King Cole et des emprunts au blues (Leroy Carr, St Louis Jimmy).
Signant chez Atlantic en 1952, Ray Charles s’engage ensuite sur une voie plus originale en enregistrant Sinner’s Prayer de Lowell Fulson et de Feelin’ Sad de Guitar Slim (Eddie Jones), ses deux anciens employeurs.
Deux ans plus tard, il a l’idée de mêler blues et gospel avec I’ve Got A Woman inspiré par It Must Be Jesus (Southern Tones) et Lord If I Go (The Dixie Hummingbirds). Porté par « la passion d’un service religieux de l’église pentecôtiste », le titre caracole à la première place des R&B Charts. C’est une révolution. Son chemin désormais tracé, Ray perfectionnera la formule avec son groupe vocal Les Raelets. Ce succès ne l’empêchera pas d’enregistrer des albums de jazz de haute tenue où il joue de l’alto inspiré par Charlie Parker.
Pendant cette période, le Genius reprend des titres de Louis Jordan, Percy Mayfield, Dinah Shore, Louis Armstrong… et ouvre son répertoire à la pop. Cette tendance ira en s’accentuant avec l’album « Modern Sounds In Country & Western Music » (1962) où la musique country croise le R&B et le gospel (voir Ray Charles « The ABC Paramount Years 1959-1962 », Frémeaux & Associés FA5829). Au-delà de la controverse suscitée, il y gagnera une popularité auprès du public blanc.
À cette date, toutes les composantes de son style sont en place. Ray Charles est maintenant une référence incontournable de l’univers musical du 20ème siècle et au-delà. C’est ce que montre l’auteur en dressant, dans une deuxième partie intitulée « His Influence« , une liste sélective des compositions de Ray et des reprises qu’en ont données des artistes de toute obédience (Stevie Wonder, Joe Cocker, Eric Clapton, Allen Toussaint, Booker T., Ella Fitzgerald, Joe Williams avec Count Basie, Elvis Presley, Timi Yuro, Brenda Lee, Peggy Lee…).
Ce coffret propose une mise en perspective remarquable de la trajectoire musicale de Ray Charles présentée par Joël Dufour dans un texte d’une grande érudition. Une discographie détaillée, des références bibliographiques précieuses, des photos, des illustrations d’époque et quinze prises live inédites ajoutent encore à la qualité de cette réalisation qui prend place parmi les modèles du genre.
Le Coffret de 7 CDs « Ray Charles The Grand Master – His Inspiration – His influence 1944-1962« est sorti sous le label Frémeaux & Associés FA5873 (Coffret 7 CDs)
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