Une aventure bien singulière que ce quartet. La pianoless on connait, sans batterie pour des moments plus intimistes on connait aussi, et sans contrebasse c’est parfois arrivé. Mais sans les trois…C’est plus rare !
Si les quartets de cuivres ou de vents existent en musique classique, ils se font plus rares en jazz. A ce titre, le Possible(s) Quartet innove donc. Juste un petit bémol, mais de grande taille (sic !) sur cet enregistrement puisque les quatre premiers morceaux invitent la pianiste Sophia Domancich à venir broder autour des élucubrations éoliennes des quatre compères, par quelques touches qui sonneraient les heures d’un rappel à l’ordre musical.
Ce quartet « de chambre » tourne depuis une dizaine d’années et nous a proposé aussi une relecture des musiques de David Bowie à quatre souffles (Songs For Bowie – 2019).
L’écriture et le jeu sont introspectifs et jubilatoires en même temps, offrant des plages de solistes dans des chorus d’ensemble qui eux-mêmes se « solistisent ». Bref, un vrai véritable renouveau de la sonorité cuivresque en matière de jazz dont se payer de mots ne vaut aucunement une écoute attentive de ces fabriqueurs d’atmosphère.
On ne sait si le mot académisme pourrait être employé sous la forme in ou out, mais une chose est sûre, il s’agit bien d’un parcours de défricheurs ou de déchiffreurs…
Suavité de la clarinette basse et clinquant des embouchures, appel du large du trombone, perplexité de la hanche, rigueur des trompettes, tout se retrouve dans les exécutions d’ensemble. Que voilà une palette audacieuse qui n’enlève rien à l’expressivité. Voilà qui augmente la durée de vue et débouche anachroniquement les oreilles.
Un jazz un peu impossible, ben oui c’est possible quartetement !
Personnel :
Rémi Gaudillat : trompette, bugle
Fred Roudet : trompette, bugle
Loïc Bachevillier : trombone
Laurent Vichard : clarinette basse
Invitée :
Sophia Domancich : piano
©Photos Jean-Pierre Jacquot
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