Après un premier album éponyme très prometteur sorti en 2016, le Multiquarium Big Band du batteur André Charlier et du pianiste Benoit Sourisse nous revient pour un hommage au légendaire bassiste Jaco Pastorius intitulé très sobrement « Remembering Jaco » avec en guest pour justement tenir la basse, le guitariste Biréli Lagrène.
D’emblée dans le groove de la grosse machine qu’est le big-band, on retrouve les pupitres des souffleurs très en verbe pour emmener le navire. Ça sonne fort tout en permettant les étincelles des soli, notamment une superbe intervention de flûte sur « Use To Be a Cha Cha« . Dès le lancement du disque on comprend la référence au bassiste par le jeu omniprésent et audacieux d’un Bireli Lagrène tout à fait à l’aise même avec quelques cordes en moins. Une basse très en pointe et claquante à la façon Jaco, histoire de dynamiser encore l’ensemble.
Les titres célèbres du bassiste ainsi que ceux du Weather Report, groupe mythique où officiait Jaco Pastorius (Liberty City/Invitation) sont présentés dans une relecture confiée à divers membres de l’orchestre, où la vitalité et la fougue du Multiquarium ne se démentent pas. Une citation et c’est reparti pour un ternaire endiablé mené par la cavalerie des cuivres, dans lequel le bassiste s’effusionne à foison à moins qu’il ne foisonne de fusion, accrochant un ostinato binaire aux galops des souffleurs. Tous les titres recèlent des soli de basse où le jeu précis et la vitesse d’interprétation de Bireli rendent l’hommage à sa juste valeur, ou comment réinventer l’instrument pour un faire un soliste intégral sans négliger le soutien rythmique. Du grand art.
Les solistes de l’orchestre ne restent pas pour autant sur le banc de touche. Toutes les interventions sont exceptionnelles à l’image du sidéral Pierre Drevet sur « Palladium » dont la trompette vient tutoyer les grandes heures d’un Jon Faddis, ou encore les chorus qui s’enchainent sur « Three Views of a Secret« . On pourrait accorder une mention spéciale à tous les pupitres dont le placement d’ensemble n’a rien à envier aux gros turbos US du genre.
A noter les interventions de Peter Erskine himself, ancien batteur de Weather Report, qui vient conter quelques instants de Jaco : « Jaco était Jaco ».
Un disque jubilatoire qui subjugue l’émouvant hommage et nous invite à une danse effrénée à la redécouverte de ce génial bassiste que fut Jaco Pastorius, à l’image d’un « Fanny Mae » où étincellent encore l’orgue et le trombone.
C’est la confirmation, s’il le fallait, de la brillance et de la très haute tenue de ce big-band de Charlier et Sourisse. Il faut s’en mettre plein les oreilles des deux albums. Vivement le suivant !
Personnel :
Claude Egéa, Pierre Drevet, Eric Poirier, Yves Le Carboulec : trompettes
Stéphane Chausse, Lucas St Cricq, Stéphane Guillaume, Fred Borey, Fred Couderc : saxophones
Denis Leloup, Damien Verherve, Philippe Georges, Didier Havet : trombones
Pierre Perchaud : guitare
Nicolas Charlier : percussions
André Charlier : batterie
Benoît Sourisse : piano / Orgue Hammond
Biréli Lagrène : basse
Edité par : Naïve/Believe Digital
Photo Header © Véronique Sourisse
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