Médéric Collignon, sorcier des sons du siècle.
Peu d’élus ont mérité les Palmes pour avoir placé au plus haut la barre du jazz électrique, veiné de rock, funk à souhait.
Nous ont régalé des sommets de cette transe : Miles Davis, Weather Report, Frank Zappa, quelques autres, et c’est tout.
Aujourd’hui, Médéric Collignon nous gratifie d’un cadeau de ce calibre. Gestation comprise. Car celui qui, dès l’ONJ de Claude Barthémély, le MégaOctet d’Andy Emler, et surtout le super-extravagantissime Jus de Bocse, promettait d’assurer la relève des grandes figures du jazz français, a soigneusement prémédité son coup.
Le projet King Crimson, du nom du groupe anglais des années 70, certes, annonçait la couleur (quel concert au New Morning en 2013)! La prestation avait fripé dans tous les sens le mental d’une salle en extase, retournée sur les fauteuils, tête à l’envers (le lendemain : kiné).
Le disque que propose maintenant Médéric rehausse encore le niveau d’adrénaline. Suivez la recommandation suivante. Immergez-vous dans les onze minutes et demi de « Street Songs« , le deuxième titre de « Arsis Thesis » (Label : « Le Triton« ). Médéric, sa bande, ses compositions, sa voix, son bugle, nous transportent là où le Guide Bleu du Jazz (pourtant serti de belles adresses), ne nous installe pas.
Progressions, freinages, accélérations (Ah! Les chorus des souffleurs en forme survitaminée Géraldine Laurent, Christophe Monniot, Pierrick Pedron). Les vocaux ensorcelants. La section rythmique déchaînée (Emmanuel Harang formidable bassiste sur « Felix is Back » – Nicolas Fox aux baguettes infatigables sur « Pique-nique à la Mer« ).
La présence inspirée du piano et des claviers (Yvan Robilliard. Suprise du même tenant pendant 65 minutes. Quel voyage! Quant au groove ultime (« Optimistique« ), nous lui cédons en final, conquis.
L’on descend à quai à regret, entre plaisir, apothéose, apaisement, entré enfin dans le paradis des rêveries éveillées.
Je demandais à Médéric, le mois dernier au bar du Sunside, où il voulait nous emmener?
Réponse du sorcier des nouveaux sons du jazz. « Je ne sais pas comment te dire précisément. Mais je vais te dire un truc : j’y travaille. »
Personnel :
Médéric Collignon – cornet, voix, synthé, percussions, samples, compositions, arrangements, mixage
Yvan Robilliard piano – claviers
Emmanuel Harang – basse électrique
Nicolas Fox – batterie
Géraldine Laurent – saxophone alto
Pierrick Pédron – saxophone alto
Christophe Monniot -saxophone sopranino
Christelle Raquillet – flûtes, voix
Caloe – voix
Kostia Bourreau – cor
Armand Dubois – cor
Cyril Galamini – Trombone
Raphaël Spiral – Tuba
Felix, Véronique, Lila Tamazit – textes
Arsis Thesis est sorti sous le label Le Triton, le 06 décembre 2024.
L’album chef-d’oeuvre de Médéric Collignon est « Selection » Couleurs Jazz Radio et Hit Couleurs Jazz.
©Photos Marc Chesneau
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