Voilà un disque d’une fraîcheur roborative produit par un jeune trio norvégien dont la pianiste et compositrice s’inspire abondamment de la nature (« Ville Blomster » signifie fleurs sauvages) à propos de laquelle elle affirme « Tout comme la nature est un espace de liberté pour nous, nous voulons que cet album soit un sanctuaire pour ceux qui l’écoutent ».
Dans un pays doté d’une nature aux paysages magnifiques et notoirement diversifiés où les habitants se réfugient et se ressourcent régulièrement, été comme hiver, rien d’étonnant à ce que Liv Andrea Hauge y ait puisé son inspiration. En résulte une musique qui respire un air vivifiant, qui laisse place au silence et où la mélodie est omniprésente. Non que l’aspect rythmique et harmonique soit absent mais on ne remarque ici aucun souci de sophistication, de cérébralité, de virtuosité démonstrative.
Loin d’être ascétique, cette musique qui cultive une forme de simplicité voire par endroits de naïveté met l’accent sur la beauté du son de groupe et sur l’interaction entre les trois partenaires. Les compositions, volontiers méditatives, sont d’une grande limpidité et séduisent sans jamais chercher la joliesse.
Un thème entièrement improvisé vient par ailleurs donner une idée d’une autre orientation que pourrait prendre le trio, plus abstraite et percussive. C’est donc une esthétique à la fois pensée et sentie qui caractérise ce premier opus enregistré en studio par un trio qui, sans renier des influences telles que celles de Keith Jarrett ou de Brad Melhdau, a réussi à adopter une voix personnelle et dont on peut attendre le meilleur pour l’avenir.
Musiciens :
Liv Andrea Hauge : piano, compositions
Georgia Wartel Collons : contrebasse
August Glännestrand : batterie
Ville Blomster est sorti sous le label Hubro / Grappa Musikkforlag AS, le 2 février 2024.
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