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Actualité

La bonne musique fait-elle encore recette ?

Par 9 juin 2017juin 10th, 2017Aucun commentaire

Lundi 29 mai : je découvre émerveillé l’auditorium de la nouvelle Seine Musicale située sur l’île Seguin qui, je vous rassure, n’est pas celui de la photo. Au programme, Menahem Pressler, 93 ans, une légende qui marche difficilement mais joue encore un magnifique piano.

La communauté jazzistique s’est déplacée. Les pianistes Pierre ChristopheOlivier HutmanFred Nardin, la chanteuse Elise Caron et de nombreux membres de l’Académie du Jazz sont venus applaudir le maestro. La salle est pourtant loin d’être pleine. Peu de jeunes au sein d’un public averti comme si MozartDebussy et Chopin n’intéressait que les vieux. Même constatation une semaine plus tôt au Sunside. Faute de réservations suffisantes, l’un des trois concerts que devait y donner Fred Hersch fut annulé. Un pianiste de cette envergure ne parvenant pas à remplir une salle de 200 places à Paris, on se pose bien des questions.

Proie facile pour les radios et les télévisions commerciales, le Français qui n’a jamais été éduqué à la musique et ignore tout de son histoire s’est précipité sur l’événement musical de l’année, l’Eurovision, mascarade télévisuelle, triomphe de la vulgarité et du mauvais goût. Représentant la France, la jolie Alma y poussa une bien médiocre chansonnette pour trébucher, juste retour des choses, devant un concurrent inattendu, Salvador Sobral, 27 ans, représentant le Portugal, le seul qui avait quelque chose à chanter, pas grand chose, juste une petite mélodie, denrée rare aujourd’hui, la seule de ce show planétaire ridicule célébrant le niveau zéro de la musique.

Car il est plus facile de la vendre insipide que de proposer du jazz, de la musique classique ou contemporaine, musiques qui demandent un effort, une écoute attentive. On préfère niveler par le bas, médiatiser celles, jetables et vides, que le public réclame. Si Herbie HancockAhmad JamalChick Corea ou Keith Jarrett, têtes d’affiche de grands festivals, débutaient aujourd’hui leur carrière, arriveraient-ils à sortir du circuit des petits clubs dans lesquels tant de musiciens restent aujourd’hui confinés ? Apparu dans les années 90, Brad Mehldau y est parvenu mais que Fred HerschEnrico Pieranunzi ou Marc Copland, eux aussi de grands pianistes, restent prioritairement abonnés au Sunside, au Duc des Lombards ou au New Morning (pour ne citer que des clubs parisiens) relève du scandale. Les « majors » ne signent plus que les artistes que plébiscite un public peu cultivé facilement piégé par ses émotions. Rarement inventifs, les nouvelles vedettes remplissent les grandes salles, les festivals. Rares sont ceux qui proposent encore du jazz au sein de programmations éclectiques qui privilégient la rentabilité. La bonne musique ne fait hélas plus guère recette. Aidée par Jean-Michel Blanquer, notre nouveau Ministre de l‘Éducation Nationale, Françoise Nyssen, notre nouvelle Ministre de la Culture, femme cultivée, parviendra t-elle à renverser la situation, à éduquer dès l‘école primaire les enfants à la musique ? Un vœu pieux je vous l‘accorde. On peut toujours rêver.

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Cet article original est publié dans le blog de Choc

 

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