Jordan Vanhemert – Deep in The Soil

Jordan VanHemert, souffleur multi-anches, habituellement au ténor, lui substitue ici l’alto (il joue aussi par ailleurs du soprano, de la clarinette et de la flute), se présente en sextet avec, il faut le dire, un line-up de classe exceptionnelle.

Américain d’origine coréenne, notre saxophoniste s’est déjà produit aux côtés de Dmitri Matheny, Geri Allen, Rodney Whitaker et publie avec cette dernière livraison son cinquième album en tant que leader.

On a d’emblée affaire à un jazz nerveux très hard-bop avec un discours très prolixe du leader. Représentation vibrionnante qui en même temps sied parfaitement au saxophone choisi et qu’il met parfois en unique exposition, notamment dans la lecture des ballades qui prend une interprétation très lyrique (Everythings Changes, Everythings Stays The Same), titre sur lequel on remarque la présence équilibriste et très mélodique de la pianiste Helen Sung, que l’on retrouve aussi sur Autumn Song.

Pour les titres plus enlevés, inutile de souligner l’excellence déjà mentionnée des pointures que sont Terell Stafford à la trompette (ST In The house) et Michael Dease au trombone (Hard Times) sans parler d’une cohésion d’ensemble assurée et plus que soutenue par les deux autres pointures que sont Rodney Whitaker et Lewis Nash en rythmique de rêve.

Un enregistrement de jazz hard-bop dans l’académisme du genre assuré par des chorus où nul n’est réduit à la portion congrue de l’interprétation, chacun prenant sa part sans empiéter sur l’autre. On pourrait alors parler d’un disque de stars sans stars.

Un son qui n’est pas sans rappeler les Messengers de Blakey. Un sextet très compact et qui offre cependant des plages où peuvent se mouvoir et s’émouvoir des individualités de grande classe et où surtout la virtuosité technique ne l’emporte pas sur le feel de l’interprétation.

Brillance, éclat, ponctuation, seraient les maîtres-mots de cet album, auquel on doit aussi rajouter le mélodisme et la spontanéité intelligente des interactions harmoniques.