JOHN & DAVID SNEIDER – SNEID REMARKS

Poursuivant la tradition du quintet à deux cuivres identiques, le père et le fils trompettisent ensemble soutenus par une rythmique de haute volée emmené par le très inspiré Jeb Patton au piano et le bassiste Ugonna Okegwo, longtemps accompagnateur de Tom Harrell et qui sait donc ce que signifie le monde de l’embouchure.

On est donc en famille dans tous le sens du terme à l’écoute de ce disque très marqué bop et bien que d’une facture très traditionnelle du genre, l’enregistrement brille par l’échange constant de chant et contre-chant de nos deux souffleurs. On est suspendu par une suite de chase qui jouent toutefois plus sur la complémentarité que sur la compétition.

La technique instrumentale est irréprochable et nous rapproche d’une sonorité que d’aucuns pourraient trouver datée, sauf qu’il s’agit d’une datation qui n’est pas sans rappeler l’époque Lee Morgan, gage de qualité indéniable sur l’instrument.

D’un petit peu d’années 50 avec le titre Louis Bannet, on passe tout de suite à une lecture très contemporaine avec le titre suivant Pixel People sur lequel Jeb Patton nous régale d’un accompagnement à la Hal Galper. De l’art de mélanger les tempi qui créent aussi les atmosphères (Points of Light) avec l’utilisation de sourdine et de l’effet wha-wha fabriqué au piston, puis un accompagnement de la rythmique que l’on pourrait penser sur la réserve mais dont le soutien est un élan pour mieux lancer des discours improvisés.

Qui du père ou du fils ? On ne sait parfois si l’ingéniosité d’un tel exercice consiste à faire entendre une trompette pour deux ou le contraire. C’est en tout cas l’occasion de souligner encore la magnificence de ce cuivre sur une écriture dont le fil taillé au cordeau restitue l’équilibre parfait d’un jeu acéré tout en restant mélodique.

Et malgré la sur-représentation du ton cuivré, il ne faudrait pas passer à côté des rythmiciens qui constituent une épure du trio piano, basse, batterie au service de la sonate pour embouchure délivrée par la famille Sneider.

Ce type de quintet est assez rare ces temps-ci, d’où l’intérêt d’une écoute attentive de cette association d’orfèvres qui file la ciselure (Playing For No One). Un dernier coup de piano et de staccati trompettueux (The Lobster)…A quand une nouvelle discussion familiale ?