La scène jazz newyorkaise est si peuplée et si variée qu’on ne s’étonne pas vraiment d’en découvrir un membre qui, après une longue carrière de sideman, propose son troisième disque en leader.
Et c’est le cas de John Bailey dont j’ignorais jusqu’au nom avant de recevoir la musique et les infos de son dernier opus. Et pourtant le trompettiste est loin d’être un obscur quidam sorti de l’ombre par un producteur curieux.
Dès les premières notes de son « Time Bandits » qui donne son titre à l’ensemble du disque on comprend qu’on a affaire à un redoutable professionnel.
Pour commencer il maîtrise parfaitement son instrument dont il tire une sonorité ronde et chaleureuse dans une veine qui doit beaucoup à des aînés tels que Dizzy Gillespie ou Woody Shaw, avec un tendre clin d’œil à Thad Jones sur une belle ballade. Ensuite il s’entend aussi à composer des thèmes intéressants (quatre sur le présent CD) qui tous racontent une histoire. Autre qualité de Bailey : il sait s’entourer avec goût.
Deux aînés (le pianiste George Cables et le batteur Victor Lewis, qu’on ne présente plus) et un cadet (le grand — physiquement et artistiquement — Scott Colley à la basse) constituent une rythmique hors pair et tout terrain qui non seulement épaule magnifiquement le leader mais dont deux membres (Cables et Lewis) contribuent au répertoire sans compter leurs interventions en solistes.
Le reste du répertoire comprend un standard de Jerome Kern et une chanson des Beatles : éclectique donc ! Le tout est enregistré au fameux studio de Rudy van Gelder, dans le New Jersey, qui a vu défiler une pléthore de stars et de petits-maîtres, entre autres de l’écurie Blue Note.
C’est donc un disque d’une grande maturité que nous propose John Bailey, un disque qui ne se réduit pas à un genre particulier mais sonne plutôt de façon intemporelle tout en portant la marque individuelle d’un styliste accompli. Une belle découverte, donc, qui ne révolutionne rien mais s’inscrit tout naturellement dans la lignée des bons trompettistes du XX° et du XXI° siècles à laquelle John Bailey appartient de toute évidence.
Personnel :
John Bailey : trompette
George Cables : piano
Scott Colley : contrebasse
Victor Lewis : batterie
Time Bandits est édité sous le label Freedom Road Records
©Photos ScottFriedlander
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