Du 8 au 17 juin 2018, se tenait le Maisons-Laffitte Jazz Festival : une programmation riche faite de découvertes et de têtes d’affiche, l’événement valait le déplacement.
Parmi tous les concerts qui ont rythmé ces neuf jours, certains artistes nous ont particulièrement touchés et nous avons souhaité ici, les mettre à l’honneur.
Roberto Negro invite Théo Ceccaldi
C’est dans le cadre confidentiel de la Vieille Église de Maisons-Laffitte que le festival nous propose une soirée dédiée au jeune pianiste Roberto Negro.
Etoile montante de la scène Jazz hexagonale, nommé à la dernière édition des Victoires du Jazz, le musicien nous dévoile son projet piano solo en première partie de soirée. Disposant de multiples accessoires sur les cordes de son piano, le musicien explore des sonorités insolites, magnifiquement mises en lumière par la finesse de son jeu. Le clavier se transforme en un véritable petit orchestre vivant, au service d’un voyage musical d’une rare modernité. Roberto Negro se joue des conventions et nous entraîne dans son univers musical. Un univers unique, intime et captivant.
Le pianiste est rejoint en seconde partie de soirée par le talentueux violoniste français Théo Ceccaldi. A la croisée du baroque et du Jazz contemporain, le projet Danse de Salon des deux musiciens fascine tant par son lyrisme que par sa virtuosité. La scène devient le terrain de jeu des deux complices qui mêlent avec subtilité les sonorités percussives du piano au phrasé du violon. L’énergie communicative des deux musiciens et les sourires échangés ne laissent quant à eux aucun doute sur le plaisir pris à jouer ensemble. Un duo lumineux, une musique inspirée (et inspirante)…
The Pedrito Martinez Group
Le temps est froid au camping international de Maisons-Laffitte. Mais les cœurs se réchauffent en même temps que les pieds se délient. On peut certainement compter sur les rythmes entrainants et la bonne humeur de Pedrito Martinez et de ses musiciens pour nous faire oublier la météo.
À mi-chemin entre jazz-fusion et musique latino-américaine, l’énergie qui se dégage de la scène conquiert sans mal le public. Cette musique surprend par sa diversité, son dynamisme. On assiste successivement à des solos sophistiqués de clavier, puis à des lignes de basses puissantes et profondes et enfin à une démonstration technique de percussions. Pedrito Rodriguez et son acolyte de toujours Jhair Sala repoussent sans cesse les limites de la complexité rythmique aux congas, bongos et à la cloche.
Une nuit riche de danses enflammées et d’ampoules aux pieds…
Biréli Lagrène et Stochelo Rosenberg
Les jours se suivent sans se ressembler au festival Jazz à Maisons-Laffitte mais la virtuosité est toujours au rendez-vous, particulièrement pour cette soirée de têtes d’affiche. Accompagnés par Jérémie Arranger à la contrebasse, les monuments de la musique manouche n’ont plus rien à prouver et font de ce concert un spectacle autant musical que facétieux. Leur amitié de longue date transparaît dans leur musique et dans leurs interactions.
Le maître mot de la soirée pourrait être « l’échange ». Échange d’abord, d’abord entre les deux guitaristes. Ils usent de questions-réponses et se partageant les thèmes des morceaux. D’autres fois, ils rivalisent d’imagination et de rapidité et la discussion musicale devient duel. Échange ensuite avec le public. Après avoir pris deux morceaux pour se mettre en jambe (en main), Biréli devient taquin, on notera par exemple le surgissement soudain de la 40ème symphonie de Mozart en pleine improvisation ou la transposition de Minor Swing en majeur !
La salle devient le théâtre d’une complicité totale entre les musiciens et avec le public. On ne peut être que ravi d’avoir pu partager ce moment !
Thomas de Pourquery et Supersonic
Is he a bird ? Is he a plane ? NO ! Il vole bien plus haut que ça, il s’agit de Thomas de Pourquery. Cet OVNI, saxophoniste mais aussi chanteur, utilise sa composition soignée et toute l’énergie du quintet Supersonic pour produire un show unique, entre douces ballades et pièces foisonnantes, riches, à la limite du free-Jazz.
Les sonorités sont aériennes et les ambiances sont travaillées. De nombreux enregistrements et samples sont diffusés avant que les musiciens ne commencent à jouer et participent de l’immersion dans cet univers si particulier, si créatif.
Nulle surprise si Thomas de Pourquery a, par deux fois déjà, été récompensé par une Victoire du Jazz. La salle Malesherbes de Maisons-Laffitte est, en tout cas, pleinement convaincue de son talent.
Myles Sanko
Une voix sensuelle, un showman énergique et une musique généreuse : nous n’aurions pu rêver d’un meilleur dénouement au Maisons-Laffitte Jazz Festival !
Le baryton, nouvelle coqueluche du jazz vocal et homologue britannique de Grégory Porter, emporte sans mal dans son univers Soul. Le plaisir qu’il prend sur scène est particulièrement communicatif.
À peine installés, les spectateurs se retrouvent bras-dessus bras-dessous avec leurs voisins à chanter en cœur. Dans le public, on danse, on tape des mains. Le concert est véritablement bâti sur l’interaction avec la salle. Les musiciens ne sont pas en reste et la performance ne leur est pas, non plus, de tout repos. M. Sanko se fait même leader d’une improvisation de groupe en fin de concert. Moment d’une grande intensité, un nouveau – et un des derniers – temps forts de ce festival haut en couleurs.
C’est le cœur chargé d’émotions et la tête pleine de musique que nous disons donc au revoir au Maisons-Laffitte Jazz Festival. Notre peine ne durera que peu de temps car l’on se quitte seulement pour mieux se retrouver … lors de l’édition 2019 !
Merci aux équipes organisatrices,
Merci aux artistes,
Merci au Maisons-Laffitte Jazz Festival !
Textes : Jean-Baptiste Costa-Ludwig & Maxime Larcher
Photos: Patrick Martineau / JzzM
Photo de couverture : Pierrick Pedron’s band
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