Cousin de « Jazz Ahead », le salon international du jazz qui se tient chaque année au printemps à Brême en Allemagne, « Jammin’ Juan », organisé par l’Office du Tourisme et des Congrès d’Antibes/ Juan-les-Pins – celui-là même qui administre annuellement le festival « Jazz à Juan » – a pour vocation d’être le marché des professionnels du jazz en France.
Cette 2è édition, parrainée par l’hyper communicatif chanteur britannique Hugh Coltman, qui s’est tenue du 25 au 27 octobre, a permis de rassembler durant ces trois journées, organisateurs de festivals, directeurs de salles et de clubs de jazz, producteurs, agents artistiques et journalistes autour d’une table ronde, de showcases et de concerts en soirée avec des artistes confirmés.
Lors de la table ronde sur le « marché du jazz en France » – présidée conjointement par Philippe Baute, responsable de « Jammin’ Juan » et de l’Office du tourisme, et Lilian Goldstein de la SACEM, partie prenante dans la manifestation – rassemblant une trentaine de professionnels du secteur, il a été décidé la création d’une « plateforme » susceptible de fédérer le réseau du jazz hexagonal.
Cette « plateforme », à pérenniser, permettrait de « créer une base de données des groupes, formations et musiciens » et par la même, de « simplifier la vie aux médias, programmateurs, directeurs de festivals et de clubs, producteurs, tourneurs ainsi qu’aux artistes eux-mêmes ». Voire également de proposer un choix des musicien(ne)s en devenir !
Cependant, la seconde édition de « Jammin’ Juan » a surtout donné l’opportunité de découvrir, pendant trois après-midi de showcases, plus d’une vingtaine de groupe venus d’horizons musicaux, toujours en rapport avec le jazz, et géographiques très différents, se produisant durant 35 minutes.
La palme de la découverte est revenue à deux formations et leaders déjà confirmés : « Corpo » et Rachel Therrien.
Corpo, qui existe depuis 1992, est un quintet venu de Göteborg en Suède, présenté par Badass Yogi Productions du producteur Laurent Cordier (Belgique) composé de Mikael Godée (soprano/flûte), Lars-Erik Noorstroem (piano), Thomas Markusson (contrebasse), Ebba Westerberg (percussions) et Cornelia Nilsson (batterie).
Ce groupe, très expérimenté et réputé dans les pays nordiques, en Allemagne, en Autriche et au Bénélux notamment, pratique une forme de jazz post-coltranien, à la fois tellurique rythmiquement et expansif dans les choruses. Ici pas de temps pour la respiration, les mélodies et harmonies originales occupant tout l’espace et l’atmosphère avec l’omniprésence d’un swing lancinant et de climats planants.
Quant à la trompettiste/bugliste québécoise Rachel Therrien, présentée par Free Run Artists et le Festi Jazz de Rimouski au Canada, elle pratique à la tête de son Quartet – Daniel Gassin (piano), Dario Guibert (contrebasse) et Mareike Weining (batterie) – un jazz flamboyant ancré dans une tradition post-néo hard bop affichée et assumée.
Une musique terriblement efficace dont les influences de la leader, puissante, énergique, expressive et très versatile, s’appellent Freddie Hubbard et Woody Shaw.
L’événement marketing a aussi été le moment de concerts donnés par des personnalités établies comme le trios de Philippe Villa et Armel Dupas (piano), la moyenne formation de Jean-Michel Bernard (piano), dans une relecture des thèmes de séries et du cinéma de Lalo Shifrin, et plusieurs vocalistes.
Parmi lesquels l’excellent Hugh Coltman, artiste SACEM, parrain de « Jammin Juan 2018« , qui a rendu hommage, lors de son show communicatif, enjoué et très chaleureux, aux sons et aux riches musiques issus de La Nouvelle-Orléans. Un chanteur qui affirme son style et se hisse de plus en plus au sommet d’un rare jazz chanté au masculin grâce à ses formidables qualités et à sa convivialité débordante et contagieuse.
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