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Actualité

Jacky Terrasson, Jazz héros de Ravel

Par 21 mai 2016juin 22nd, 2016Aucun commentaire

En découvrant cette rencontre inattendue dans le programme du Festival de Jazz à Saint-Germain-des-Prés, Paris, on s’est dit : les organisateurs veulent faire un coup. Un peu comme si Anne Hidalgo, maire de Paris, se mettait à copiner avec l’association 40 millions d’automobilistes

Quatuor Equinoxe et Quintet Jacky Terrasson ©Couleurs Jazz

Quatuor Equinoxe et Quintet Jacky Terrasson ©Couleurs Jazz


On aurait eu tort de s’arrêter à une première impression car Maurice Ravel, l’homme du Boléro, fréquenta en son temps, les clubs de jazz de Harlem. C’était à New York en 1928. Maurice assista même à un concert de George Gershwin et il se dit fasciné par les improvisations du maître américain. Il y avait donc du sens à faire le match retour en France. Quatre vingts ans après la mort de Maurice Ravel, il fallait donc trouver quel était le jazzman le plus apte à mener à bien cette nouvelle rencontre. Et là le choix s’est vite imposé : qui mieux que Jacky Terrasson, le célèbre pianiste franco-américain pouvait faire le job ?

C’est ainsi que nous nous sommes retrouvés jeudi soir 19 mai pour assister à une nuit jazz ‘Autour de Ravel’ et de ses contemporains tels que Lili Boulanger et Gabriel Fauré. Quand la musique classique se marie parfaitement avec le jazz, cela donne un concert extraordinaire pour une soirée unique, puisque cette création ne sera pas jouée ailleurs, en tout cas dans l’immédiat. Une soirée dans un lieu exceptionnel, le grand amphithéâtre de l’université Panthéon-Assas qui permet sur sa scène d’installer neuf musiciens. Jacky Terrasson bien entendu, plus ses deux complices, les frères Belmondo, Lionel et Stéphane, saxophoniste et trompettiste, à la contrebasse Thomas Bramerie et à la batterie Lukmil Perez. Un, deux, trois, quatre, cinq. Nous avons bien un quintet.
Jacky Terrasson Ravel project ©Couleurs Jazz

Jacky Terrasson Ravel project ©Couleurs Jazz

Pour le classique, nous découvrons alors le Quatuor Equinoxe, quatre jeunes gens qui jouent habituellement de la musique de chambre. Ils nous ont tellement séduits que nous nous devons de les citer : Clara Abou et Pauline Dangleterre aux violons, Loïc Douroix a l’alto et Emile Bernard au violoncelle.
Jacky Terrasson attaque le concert en jouant « Clairières dans le ciel » de Lili Boulanger puis « Nocturne ». De Gabriel Fauré « En prière » et « La Sicilienne » et enfin Ravel, « Ma mère l’Oye ». On a l’impression d’entrer dans l’intimité de ces compositeurs, interprétés aujourd’hui par de jeunes et brillants musiciens venus du classique et du jazz ! Ils ont marié et mélangé avec brio leurs sons si différents, se respectant les uns les autres. Il fallait entendre Stéphane Belmondo terminer un solo de trompette repris comme un copié-collé par les deux violons… Un art que l’on doit à Lionel Belmondo qui a assuré la direction musicale du concert. Lionel est apparu comme un chef d’orchestre aux mains nues, c’est lui qui donne le tempo et qui règle par gestes le volume de chaque instrument. Pendant ce temps, Jacky Terrasson n’hésite pas à se lâcher. En pleine improvisation, il vous claque dix mesures de salsa et malmène son clavier jusqu’à obtenir des notes au son merveilleux.
Mieux encore, Lionel Belmondo avoue qu’ils n’ont répété qu’une seule fois la veille…
A la question,
– Comment avez-vous choisi le quatuor classique ?  Il avoue qu’il ne le connaissait pas, mais qu’il lui avait été recommandé par un copain.
Bravo au copain pour son choix ! Ce qui prouve que la musique quelle qu’elle soit est universelle.
Le programme mentionnait un invité surprise : ce fut Mathilde, qui en chantant nous enchanta, en particulier par la délicatesse de son interprétation des «  Trois beaux oiseaux du paradis » de Ravel.
Nous n’oublierons pas le sourire et l’étonnement de Clara Abou la violoniste, se retournant pour regarder les mains de Jacky Terrasson sur son clavier. Comme nous, elle n’a pas perdu sa soirée.

Frédéric Charbaut DA du Festival ©Couleurs Jazz

Frédéric Charbaut DA du Festival ©Couleurs Jazz

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