Comme une corde folle qui marque le temps accrochée à son ostinato et qui fait le soutien et le chant principal sur lequel viennent s’enrouler les volutes soufflées de la clarinette et du saxophone. C’est une plainte lascive d’une mélancolie joyeuse échappée du temps par la guitare aux cordes libératrices (Cinecitta). A la fin tout le monde danse.
Henri Texier, contrebassiste aux environs sonores fait d’aventures et d’inventivité constantes, navigue ici en quintet sur des titres composés par lui-même ou ses musiciens. On retiendra le lyrisme et la fougue croisées de Sebastien Texier et Vincent Lê Quang aux saxophones et clarinettes, dans des croisements volubiles (Pina B – Pour Pina Bausch) et un brin bluesy (Simone et Robert – Pour Simone Veil et Robert Badinter)
Les pièces se suivent et conjuguent les atmosphères tantôt mélancoliques tantôt folles, comme des introspections qui inviteraient à la transe. Une musique qui voyage sur des contrées lointaines, voire futures mais que l’on apprivoise finalement au fil des entrelacs des anches et des fulgurances guitaristiques.
Le bassiste assume un dialogue constant entre rythme et mélodie avec une profondeur de champ dans un jeu percutant et ouaté en même temps (Cinecitta) et parfaitement démontré dans le solo « Standing Horse » qui sert d’intro au morceau éponyme de l’album « Chance » où les tambours de l’excellent Gautier Garrigue nous invitent comme sur une danse indienne qu’accompagne la psalmodie entêtante des deux souffleurs. La guitare de Manu Codjia venant couronner l’ensemble dans une longue plainte venue d’un futur dont les heures sont à nouveau martelées par le solo de peaux et cymbales.
L’album est le signe d’un jazz résolument moderne qui s’appuie toutefois sur une écriture très mélodique. Un jeu en opposé qui séduit par ses nuances et ses soubresauts, parfaitement mis en valeur par l’interprétation toute en liberté des musiciens.
Une symphonie d’ensemble qui n’apparaît pas à la première écoute. Il faut revenir sur les pistes et découvrir une nouvelle histoire à chaque fois. Comme un conte connu qui émerveille à chaque lecture.
« Dis Monsieur, dessine-moi le dernier album d’Henri Texier. »
Personnel :
Henri Texier, contrebasse
Sébastien Texier, saxophone alto, clarinette, clarinette alto
Vincent Lê Quang, saxophone ténor et soprano
Manu Codjia, guitare
Gautier Garrigue, batterie
Chance est édité sous le Label bleu
©Photos Patrick Martineau/JzzM
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