La veille du concert d’Alain Caron, je m’étais présenté au Cabaret du Lion d’Or pour la soirée inaugurale d’un nouveau label de musique électronique (musique contemporaine minimaliste) Moderna Records. À tour de rôle, de jeunes pianistes échangeaient avec un quatuor à cordes. Les mélomanes jazz sont toujours prêts à découvrir de nouveaux sons, même s’ils sont à la frontière de plusieurs styles musicaux. Je dois avouer que j’étais dans un bon état d’esprit pour ma soirée du lendemain.
Il n’est pas rare de voir des musiciens jazz qui s’associent, le temps d’une tournée ou d’une session d’enregistrement, avec un ensemble de cordes. Dans le passé, les musiciens tels que Charlie Parker, Ben Webster, Chet Baker s’étaient payé ce luxe. Plus récemment, Corea et Burton nous avaient offert un beau projet de cordes avec «The New Cristal Silence». Chaque mélomane a son coup de cœur, son disque référence. Pour qu’un répertoire puisse être adapté, il faut des bases solides.
Ce ne sont pas toutes les compositions qui peuvent obtenir un regain de vie avec des cordes. Le rôle du musicien qui adapte la musique et qui dirige est primordial, car le résultat peut être parfois catastrophique. J’ai déjà entendu des projets avec de bonnes intentions, mais dont les résultats étaient un peu trop sirupeux et qui lassaient très rapidement. Dans le cas qui nous occupe, Alain Caron a trouvé l’homme de la situation en la présence du pianiste John Roney qui avait déjà travaillé dans le passé avec le Quatuor Alcan. C’est lui l’interface entre Caron et le Quatuor Alcan.
Le projet de jouer avec un quatuor à cordes occupait l’esprit d’Alain Caron depuis de nombreuses années. De fil en aiguille, le rêve devint réalité. Nous assistions à la troisième représentation de ce projet. Auparavant, il y avait eu Chicoutimi et la ville de Québec. Sur le choix des compositions à adapter, Caron à soumis une liste à Roney. À partir de cette liste, Roney a fait ses choix et s’est même permis d’ajouter au répertoire des compositions que Caron n’avait pas inscrit sur cette liste.
Pour la soirée du 3 juillet , le choix de la salle du Gésù était de mise. Sur le côté gauche, le piano à queue (John Roney). Dans le creux de la ceinture du piano, la basse électrique (Alain Caron)et du côté droit, les quatre chaises des membres du Quatuor Alcan (Laura Andriani, Nathalie Camus, Luc Beauchemin, David Ellis). Les sièges de la partie centrale et du côté droit étaient occupés, tandis qu’un bon nombre de sièges étaient inoccupés du côté gauche..
Les musiciens furent accueillis avec une chaude main d’applaudissement. En ouverture, Caron nous a présenté deux pièces de l’album «Septentrion» : De l‘Aube au Crépuscule et Simple Pleasures. À chaque finale, le public répondait chaleureusement. Je ne fus pas surpris dès la fin de la deuxième pièce qu’Alain Caron ait demandé à l’assistance si elle aimait ce qu’elle entendait. Le public a bien répondu.
Au son de la voix de Caron, nous pouvions constater qu’il était très fébrile et très fièr de jouer avec Roney et le Quatuor Alcan. De mon côté, je fus convaincu du projet dès la troisième pièce Après la pluie. J’ai senti une meilleure emprise du projet. Peut-être que les musiciens étaient mieux réchauffés. J’ai remarqué que les directives étaient données par Roney, mais qu’à deux reprises, c’est Caron qui donnait le départ. En particulier, j’ai été très heureux d’écouter une version avec cordes de Strings of Springs d’un magnifique album «Conversations» que j’aime beaucoup.
Comme Roney le mentionnait durant la soirée, il ne désirait pas que le répertoire soit constitué uniquement de ballades. Il souhaitait de la «vibe» et des pièces qui sont rythmées. Nous avons eu droit à une version à la brésilienne de Finger Prints et pour une pièce à des rythmes en boucles (loops) de percussion. Avec la paume de sa main, Roney a tapé le micro, il a enregistré et il l’a inséré ici et là pour donner un effet particulier.
À la sortie du concert, des CD et DVD étaient proposés à la vente. La question omniprésente des spectateurs était, la suivante : est-ce que le disque avec le Quatuor est disponible? Malheureusement, il ne l’est pas. Je crois que cela ne saurait tarder.
Liens
Site officiel du bassiste Alain Caron
Fiche concernant John Roney sur Effendi Records
Fiche du concert sur le site du FIJM
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