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Actualité

Esprit manouche lors du 10e Django à GoGo au Carnegie Hall, NY

Pour le 10e Festival Django-A-Go-Go du 3 mars dernier, le guitariste Stephane Wrembel savait qu’il s’agirait d’un événement spécial.

Au début il y eut la musique incroyable de Django Reinhardt à partir de laquelle tout s’est construit. « Aucune musique n’est comme celle de Django. Ce n’est pas seulement son jeu, mais également ses compositions. Et aucun autre musicien n’a été suivi comme Django: ni Charlie Parker, ni Jimi Hendrix … C’est incroyable ! « Reinhardt est devenu important dès les années 1920 et 1930, en jouant un style de musique appelé Jazz Manouche. Il est considéré par beaucoup comme le contributeur le plus important de l’Europe au jazz dans ces décennies formatives.

Stéphane Wrembel ©Irene Ypenburg

Ensuite, Wrembel a réussi à obtenir un lieu incroyable (c’était la première fois que le festival s’est tenu dans le prestigieux Carnegie Hall à New York). Troisièmement, il a réuni quelques-uns des meilleurs virtuoses et techniciens de la guitare acoustique vivants aujourd’hui: Parmi eux Al Di Meola, Stochelo Rosenberg et Larry Keel. Tout ce dont il avait besoin pour compléter le tableau était un public désireux de partager l’expérience et il en fut ainsi, puisqu’ils firent même salle comble.

Son but n’était pas de recréer le son ou le phrasé de Django Reinhardt à l’identique de ses compositions originales. Il visait à étendre l’esprit de Django au delà des pratiquants connus et reconnus de la musique gitane à ceux qui ne sont moins connus pour la jouer, mais qui possédaient toutes les qualités pour faire partie de l’aventure. Le résultat fut une soirée remplie d’une fusion de styles, de virtuosité, de contes et d’humour qui ont transformé le Carnegie Hall en master class de guitare manouche.

Larry Keel ©Irene Ypenburg

Pour débuter le concert, Wrembel est monté seul en scène pour jouer en solo sur sa guitare. Ce fut un moment intime entre l’artiste et l’auditoire qui installa d’emblée l’ambiance pour le reste de la soirée. Ensuite, il appela le reste de sa bande, composée de Thor Jensen (guitare), Ari Folman-Cohen (contre basse) et Nick Anderson (batterie), pour jouer une de ses compositions originales inspirée de Django « Prometheus« . Son expression du visage et l’interaction avec le groupe était une indication qu’il appréciait le moment et préfigurait  ce que la soirée avait encore en réserve.

David Gastine, chanteur et maître dans « l’art de la pompe »  (guitare rythmique), a rejoint la scène pour chanter une chanson française puis accompagner Wrembel sur « Bistro Fada« , que Wrembel avait écrit pour le film de Woody Allen « Midnight in Paris. » La composition est un roller coaster d’accords sous un parcours d’obstacles et de courses effrénés. La cascade de notes était une expression de joie, d’amour et d’inspiration de Wrembel et de son groupe.

La première expansion au-delà de l’influence folklorique européenne de la musique de Django est venue avec l’arrivée sur scène du guitariste de bluegrass Larry Keel , qui a été décrit comme l’un des meilleurs joueur de picking aujourd’hui. Il s’est campé sur son siège en lançant un amical « Salut à tous! » Avant de se lancer dans un hommage à Doc Watson qu’il a joué en solo. Le reste du groupe s’est mué en auditeurs enchantés pendant que Keel présentait son fret board et montrait toute sa dextérité.

Puis, comme pour insuffler un moment de légèreté et d’inattendu – mais en accord avec son motif d’honneur des grands guitaristes folkloriques – Wrembel annonce le prochain morceau. « Mon ami David me dit : ‘Un jour, si nous arrivons à Carnegie Hall, comme se serait top de jouer ce morceau…’ Maintenant que nous sommes ici. Nous devons l’écouter jouer ». Avec les accords et l’introduction, le Carnegie Hall fur alors transformé par une chanson de John Denver « Country Road« . Le morceau s’est achevé sous les applaudissements enthousiastes, les huées et les rires.

Le saxophoniste soprano Nick Driscoll a rejoint la scène suivante pour une fusion indo-tsigane où les solos passaient d’un musicien à l’autre avec en ligne de fond un son venu d’Orient. Driscoll est présent sur « Django Experiment » de Wrembel et sur les deux nouveaux CD sortis cette nuit-là. Son son a emporté le thème Django encore plus loin que le son folk traditionnel original

Comment retourne t’on au Carnegie Hall?

Already flying at a high altitude, the group reached further heights when Stochelo Rosenberg, a legend and grandmaster in the world of Reinhardt’s music, walked on stage. The Rosenberg Trio performed the soundtrack to the upcoming movie “Django,” which premiered at the Berlin Film Festival at the end of last year (www.therosenbergtrio.info).

Volant déjà à une altitude élevée, le groupe a atteint d’autres sommets quand Stochelo Rosenberg, légende et grand maître dans le monde de la musique de Django, s’est avancé sur scène. Le Trio Rosenberg a réalisé la bande sonore du prochain film « Django« , qui a été présenté au Festival de Berlin à la fin de l’année dernière.

©Irene Ypenburg

« Je suis enfin de retour au Carnegie Hall, après 21 ans, grâce à Stéphane », a déclaré Rosenberg après s’être installé derrière sa guitare.

Rosenberg a interprété une de ses premières compositions, une chanson écrite pour sa plus jeune sœur. Il s’agit d’une pièce inspirée de Django intitulée «For Sephora». Le morceau est un joyeux courant d’idées musicales avec une quantité généreuse de courses qui nécessitent que l’on soigne sérieusement ses arthroses digitales, avant que de s’y mettre. Le groupe s’est ensuite lancé dans « Coquette« , un titre écrit par Django. Ce morceau a de nouveau montré la camaraderie et la complicité de ce groupe qui alternait les solos brillants et qui semblait réjoui des performances de chacun.

Le denier guitariste à pénétrer la scène pour ce premier set fut le guitar hero Al Di Meola, qui maîtrise aussi bien les guitares acoustiques qu’électriques, et qui est connu pour sa virtuosité aussi bien dans les styles latin que méditerranéen.

Al Di Meola – ©Irene Ypenburg

« C’est incroyable, » dit Di Meola, posant une guitare sur la scène et une autre sur ses genoux. «La première fois que j’ai joué ici, j’avais 19 ans. J’étais alors au Berklee College of Music. J’ai reçu alors un appel de Chic [Coréa] et il me dit que nous jouions au Carnegie Hall dans trois jours. Il ne m’a même pas convoqué pour faire des essais avec son groupe…  Juste de venir jouer avec eux.  »

Peu de temps après avoir reçu cet appel, Al Di Meola raconte qu’il était debout devant la porte fenêtre de la maison de ses parents, dans le New Jersey et qu’il revoyait l’expression de surprise sur le visage de sa mère alors qu’elle lui demandait ce qu’il faisait de retour de l’école et qu’il lui répondit : « Je joue au Carnegie Hall ». A quoi son père, assis dans la pièce voisine, cria derrière son journal: «Sors d’ici ! Tu ne joues pas au Carnegie Hall !

« C’était la dernière fois que j’étais ici« , déclara Al Di Meola, avant d’exécuter un solo aussi technique que beau.

Le groupe termina alors le premier set par une valse musette écrite par Django intitulée «Indifférence». Le style musette est celui qui encadre une grande partie de la musique de Django Reinhardt.

Comme beaucoup de guitaristes de sa génération, Wrembel a commencé son parcours musical en jouant la musique des groupes de rock, tels que Pink Floyd, Led Zeppelin et Genesis. Cependant, quand il écouta la musique de Django Reinhardt, il entendit quelque chose de spécial et trouva sa voie. Il passa alors du temps parmi les Manouches à étudier la musique de Django et est alors devenu un évangéliste pour la musique qu’il aimait.

Avant le début du spectacle au Carnegie Hall, Wrembel promit que la soirée serait spéciale et qu’il n’eut pas fallu la manquer. En fin de compte, lui et la « Bande de Tsiganes » qu’il a rassemblé, a fourni bien plus que cela.

Comme il n’était pas possible de filmer au Carnegie Hall, les vidéos de l’événement qui circulent sur Youtube sont de pauvre qualité, aussi nous vous proposons un extrait du Maestro Stochelo en Italie, pour retrouver le son et l’esprit.

(cet article décrit le premier des deux sets qu’il y eut au Carnegie Hall, Vendredi 3 Mars 2017)

Set 1
Improvisation #1
Prometheus
Reverie 
Bistro Fada
Larry solo 
Country roads
Troublant boléro
For sephora
Coquette
Al Di Meola solo 
Indifference 

Set 2
Mediterranean Sundance 
Spain
Nuages
Georgia on my mind
It don’t mean a thing
Minor swing

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