« Toots, la façon dont vous jouez de l’harmonica, ils ne devraient pas l’appeler un instrument secondaire»
À bien des égards ce commentaire du trompettiste Clifford Brown dans les années 1950, résume la façon dont Toots Thielemans était capable de transcender les étiquettes classiques dans sa musique, son choix de l’instrument et son approche de la scène. Thielemans disait qu’il avait toujours voulu jouer des notes quelque part entre sourire et larme. Plus souvent qu’autrement, il atteignit cet objectif avec cet instrument qu’il pouvait garder dans sa poche, près de son cœur.
Bill Evans – acoustic & electric pianos Marc Johnson – upright bass Eliot Zigmund – drums Larry Schneider – flute, tenor saxophone, soprano saxophone Toots Thielemans – harmonica
« I Do It for Your Love » (Paul Simon) – 7:16 « Sno’ Peas » (Phil Markowitz) – 5:51 « This Is All I Ask » (Gordon Jenkins) – 4:14 « Days of Wine and Roses » (Henry Mancini, Johnny Mercer) – 6:40 « Jesus’ Last Ballad » (Gianni Bedori) – 5:52 « Tomato Kiss » (Larry Schneider) – 5:17 « The Other Side of Midnight (Noelle’s Theme) » (Michel Legrand) – 3:17 « Blue in Green » (Miles Davis, Bill Evans) – 4:09 « Body & Soul » (Edward Heyman, Robert Sour, Frank Eyton, Johnny Green) – 6:16
Le Jazz a été sa première passion, et d’après une interview pour la National Public Radio aux États-Unis, même vers la fin de sa carrière, il commençait chaque matin par s’exercer sur les variations complexes de « Giant Steps » de John Coltrane. L’Harmoniciste Howard Levy dit de Thielemans qu’il tenait à élargir son vocabulaire musical de façon émotionnellement convaincante.
Thielemans était le musicien des musiciens. Un coup d’œil sur la liste de ceux avec qui il a joué se lit comme un Who’s who de la musique : Charlie Parker, Benny Goodman, Bill Evans, Dizzy Gillespie, Ella Fitzgerald, Pat Metheny, George Shearing, Jaco Pastorius, Stevie Wonder, Oscar Peterson, Paul Simon, Julian Lennon, Billy Joel, et la liste continue encore et encore. Ceux qui ont travaillé avec lui partageaient une profonde affection pour le musicien comme pour l’ami. Quincy Jones cité, sur le site web de Thielemans : « Je peux dire sans hésitation que Toots est l’un des plus grands musiciens de notre temps. »
Thielemans est sans doute reconnu dans le monde entier pour son harmonica chromatique, mais il était également un guitariste accompli et siffleur aussi. En 1961, il a utilisé ces deux dernières compétences à l’unisson dans son premier succès international, dans le jazz-valse Bluesette. Il s’est fait alors connaître et acclamer par un large public, même s’il était déjà considéré par de nombreux musiciens exigeants
En plus de ses enregistrements jazz, il a également produit pour le cinéma, la publicité et pour la télévision. On pourra retenir les thèmes de « Midnight Cowboy » et « The Getaway. » Il souffla également pour un déodorant commercial Old Spice. À l’harmonica, Thielemans a enregistré le thème de Sesame Street, l’une des émissions de télévisionpour enfants, les plus aimées de tous les temps. Il est convenu que presque tout le monde en dessous de 50 ans a été touché par le jeu à l’harmonica de Thielemans, sans pour autant connaître le nom de l’homme qui produisait les notes.
Chaussé de grandes lunettes, la moustache touffue et toujours prompt à sourire, Thielemans abordait sa virtuosité à l’harmonica avec humour. Il déclara un jour au public qu’il allait commencer à jouer son numéro de sécurité sociale» (se référant aux numéros des trous sur un harmonica) .
Selon le New York Times, Jean-Baptiste Frédéric Isidore Thielemans est né le 29 Avril 1922, à Bruxelles, où ses parents possédaient un café. Il n’a jamais oublié d’où il venait et était très apprécié pour sa modestie et sa perpétuelle aimable attitude dans sa Belgique natale. Il était connu et se se décrivait comme un «ket» de Bruxelles, ce qui signifie « enfant de la rue» dans le vieil argot Bruxellois, selon Wikipedia.
Au fil des ans Il offrit diverses explications sur la façon dont il était arrivé à être connu comme « Toots », parfois déclarant qu’il avait choisi le nom lui-même et d’autres fois en disant qu’il lui a avait été donné ; quelle que soit la vérité, le nom a apparemment été emprunté à deux musiciens de jazz américains, Nuncio Mondello et Salvador Camarata.
Musicalement prédestiné et précoce, il a commencé à jouer de l’accordéon à trois ans et a appris l’harmonica pendant son adolescence. Il est allé à l’université pour étudier les mathématiques, mais à l’écoute de Louis Armstrong son orientation a changé et il décida alors de jouer de la musique. Inspiré par Django Reinhardt, un compatriote, il a commencé aussi à très bien jouer de la guitare. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, il était devenu un musicien à plein temps, d’après le New York Times
En 1949, il partagea la scène avec Charlie Parker au Festival de Jazz de Paris, et un an plus tard, il visita l’Europe en tant que guitariste dans un sextuor dirigé par Benny Goodman, nous indique The New York Times dans sa nécrologie. Goodman le remarqua après avoir écouté un arrangement que Thielemans avait fait de Stardust de Hoagey Carmichael. Thielemans émigré aux Etats-Unis à cette époque a fini par en devenir citoyen. De 1953 à 1959, il a été membre du Quintet populaire du pianiste de jazz britannique George Shearing. Avec Shearing, il surtout joué de la guitare mais son travail à l’harmonica a été présent sur au moins un morceau à chaque représentation, (New York Times).
Malgré un accident vasculaire cérébral alors qu’il était dans sa soixantaine, Thielemans enregistra et se produisit en public, durant les dernières décennies du 20ème siècle, augmentant ainsi sa notoriété et l’étendue de son cercle de collaborateurs musicaux.
Il a également défendu la musique du monde avant qu’elle ne soit une catégorie distincte. Selon le Guardian, Thielemans qui a fréquemment travaillé avec Quincy Jones dans les années 1970 a produit un flot d’albums contemporains et inventifs y compris avec le pianiste Joanne Brackeen. Il fut associé à Oscar Peterson, Dizzy Gillespie et le saxophoniste latino Cubain Paquito D’Rivera au festival de jazz de Montreux dans les années 70 Au début des années 80, il a joué avec le trio du pianiste Bill Evans sur Affinity en 1979 et a également fait en1980 un album bop en live avec le sidemen d’Oscar Peterson, Joe Pass avec Henning Orsted Niels-Pedersen à la guitare et à la basse. En 1992 Thielemans participe au projet intime Secret Story de Pat Metheny, et sur Projet Brasil avec les étoiles brésiliennes Caetano Veloso, Milton Nascimento et Gilberto Gil.
Selon The Guardian, avec l’entrée dans le XXIe siècle, Thielemans possédait encore son old spirit et son élégance lyrique. Thielemans fit une série d’enregistrements somptueux avec un groupe comprenant le bassiste hollandais Hein Van de Geyn et le pianiste Karel Boehlee. En 2009, le National Endowment for the Arts le fit Jazz Master. Pour son 90e anniversaire au Lincoln Center, en 2012 on comptait parmi ses invités, Herbie Hancock et la chanteuse et pianiste brésilienne Eliane Elias. Il continua à jouer en public jusqu’à ce que sa santé ne décline et le conduise à prendre sa retraite deux ans plus tard.
Thielemans est décédé dans son sommeil le 22 Août 2016, à l’âge de 94 ans. Sa musique et son influence demeureront cependant éternelles.
Les sources principales de cet hommage nécrologique sont tirées de : The Washington Post, New York Times, The Guardian, National Public Radio (NPR), Wikipedia et autres.
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