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C’est dans un endroit très sympathique enclavé dans le 7e arrondissement, à vrai dire un endroit où l’on ne s’attend pas forcément à entendre du jazz, que se produisait le chanteur et guitariste de jazz David Adom en trio accompagné du guitariste Samy Daussat, expert de la corde manouche et du contrebassiste Tristan Loriaut.

David Adom, un chanteur à découvrir qui passe allègrement du jazz au blues, du standard traditionnel au terroir de la chanson française (notamment un rappel sur « Chez Laurette » de Michel Delpech aux accents mâtinés de guinguette manouche). La voix n’est pas habituelle dans le registre jazz. Comme un crooner des faubourgs du jazz, le plaisir est chanté plus que le texte n’est dit. Le chanteur ne cherche pas la performance vocale, préférant la sobre interprétation de revisites avec humilité parfois et profondeur tout le temps. En témoigne ce soir-là, la somptueuse et élégante reprise de « Summertime. »

Point de mélopées assourdissantes ou d’effets de voix insistantes, pas de déflagration du timbre ou de lyrisme exacerbé. Simplement, comme un souffle qui viendrait caresser les cordes de la guitare, une complicité entre musique et chant. Presque un susurrement parfois, comme on raconterait une histoire sans l’exagérer et qui fonde ainsi sa croyance.

Et pourtant il a de la voix ce David Adom, empruntant tantôt à des tessitures proches du féminin, au blues, au jazz le plus classique et même à la grande variété française. Avec un accompagnement minimum, il sait distiller douceur et rondeur qui s’accommodent à la sonorité des guitares, mais nul doute qu’avec un big band, il pourrait pousser à la hauteur d’un Joe Cocker.

Au fil des morceaux, il y a une histoire qu’on récite dans un dialogue à trois,  avec ses apartés, ses sous-entendus, son quant à soi, ses  non-dits, des secrets peut-être ou des aveux. Puis un retour au swing manouche particulièrement présent dans l’interprétation du fameux « There Will be Another You« . Le trio fonctionne sûrement, particulièrement mis en lumière dans les échappés d’un Samy Daussat toujours aussi maître de l’instrument.

Le troisième set attaque d’emblée avec Samy Daussat qui remplace la pulpe par le médiator et vient ainsi rehausser le côté manouche de l’ensemble. J’ai été très attentif au jeu du bassiste Tristan Loriaut à l’aise sur tous les thèmes et les tempos, et qui dans ses chorus en vient à figurer comme troisième guitariste du jour. Il y a du Riccardo Del Fra dans le jeu de ce contrebassiste. Toucher juste et lyrique et une grande présence dans l’accompagnement.

De la nostalgique guinguette au bouge de Chicago en passant par quelque champ de coton pour revenir sur la 52e rue, David Adom c’est un crooner sympathique, c’est aussi un gage de qualité pour qui veut que le jazz reste aussi un entertainment. Un crazy jazz singing.

Interprètes :

David ADOM, guitare et chant

Samy DAUSSAT, guitare

Tristan LORIAUT, contrebasse

©Photos Alexandre Schlosser

Bar du Central – 99 rue Saint-Dominique, Paris 75007 – Concert jazz tous les mardis soirs.

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