Daniel Zimmermann, Eric Séva – 2 Souffleurs sur 1 Fil

Éric Séva et Daniel Zimmermann ont participé à nombre de projets communs.

Parmi ces derniers figure le recueil « Frères de Songs » (Les Z’Arts de Garonne, 2023) produit avec le chanteur Michael Robinson dans lequel le soprano et le baryton d’Éric Séva étaient associés au trombone de Daniel Zimmermann avec une section rythmique à leurs côtés.

Poursuivant dans cette voie, les deux complices, cette fois seuls en scène, explorent ici les ressources du duo baryton-trombone expérimentées dans le temps par Gerry Mulligan et Bob Brookmeyer avec le soutien d’un pianiste dispensant les harmonies et d’un batteur insufflant le rythme, ce qui facilitait tout de même bien les choses. L’entreprise, certes séduisante, n’était donc pas sans risques comme l’indique implicitement l’intitulé même du disque : « 2 Souffleurs sur 1 Fil”. Mais les craintes suscitées par la difficulté de la tâche se dissipent vite à l’écoute de l’album.

Tirant parti d’une connaissance approfondie de leurs instruments et conscients de s’engager sur un terrain encore peu fréquenté, Éric Séva et Daniel Zimmermann, tour à tour soliste et accompagnateur, parviennent à concilier deux tessitures favorisant le grave pour générer des alliages sonores inusités.

Ici pas d’effets spectaculaires, de traits de virtuosité inutiles, de redondances abusives. Les solos, contrepoints, contrechants se fondent en un discours inspiré, développé avec ce sens de la note juste que possèdent les vrais musiciens.

Tout ceci apparaît dans Libertango, une composition d’Astor Piazzolla qui a tant compté pour Éric Séva, le dialogue baryton-trombone illuminant Les valseuses de Stéphane Grappelli et les belles surprises livrées par une version originale de Caravan, le hit de Juan Tizol et Duke Ellington. À ces classiques, s’ajoutent des pièces écrites d’une main habile par Éric Séva (Luz d’Eus) et Daniel Zimmermann (Mademoiselle) dont les belles mélodies ajoutent encore à la qualité d’un répertoire remarquablement ficelé.

Enfin, luxe suprême, cet album, fruit d’un travail considérable, porte dans son essence même la manière de vaincre les plus grandes difficultés sans qu’il n’y paraisse.