Daniel Garcia Trio – Travesuras, @ Hamburg 01/06/19

Fusionner des genres aussi spécifiques que le jazz et le flamenco n’est pas une partie gagnée d’avance.

La démarche nécessite de ne pas perdre de vue la tradition, car c’est à partir de là que peut évoluer une musique. Elle implique aussi de rendre compatibles des genres musicaux à priori ancrés dans des univers aux frontières bien balisées. Bref, il faut percer les secrets d’une alchimie complexe et comprendre l’autre sans perdre son âme.

Certains s’y sont cassés les dents comme Chick Corea avec les espagnolades du recueil « My Spanish Heart« . D’autres ont abouti à des résultats séduisants à l’image de Miles Davis et Gil Evans à travers l’album « Sketches of Spain » (1959).

Dans les années soixante, le saxophoniste Pedro Iturralde accomplira un pas décisif dans l’alliance du jazz et du flamenco en collaborant avec le guitariste Paco de Luciá. (« Jazz Flamenco« , 1968).

C’est dans cette direction que se sont engagés Louis Winsberg, Mathias Berchadsky (guitares), Renaud Garcia-Fons (contrebasse), Pierre Bertrand (saxophone) et maintenant Daniel Garciá (piano) avec ce disque intitulé Travesuras.

©Photo ARR.

De formation classique, cet élève de Danilo Perez au Berkelee College of Music de Boston est un esprit éclectique pour qui la musique espagnole, et le flamenco en particulier, peuvent coexister avec le jazz dans un même ensemble cohérent. Au gré de son inspiration, il rend les frontières entre ces deux mondes perméables. Sa manière spontanée n’est pas une simple flânerie musicale mais lui permet, par le biais de l’improvisation, de chercher, et souvent de trouver, les passages entre les deux genres avec la complicité active de ses partenaires, le contrebassiste Reiner Elizarde « El Negrón », Miguel Olivera à la batterie et Jorge Pardo à la flûte.

Et alors tout s’éclaire.