Dans le sillage de son dernier album Isang sorti l’année dernière (ndlr : un petit bijou, filez vite l’écouter !), la jeune saxophoniste nigérienne Camilla George repart à la conquête de la bouillonnante scène Jazz européenne avec son tout dernier projet, The People Could Fly (Ubuntu Records).
Plus qu’une invitation à l’évasion, le titre (trad : « le peuple pourrait voler ») est un hommage au recueil de contes de l’auteure britannique Virginia Hamilton, qui traite avec beaucoup de poésie de la condition des esclaves noirs américains du début du 20e. Retour aux sources, aux racines profondes de l’histoire du Jazz pour Camilla George et sa bande, qui métissent avec sensibilité les genres musicaux et les époques.
Dès les premières secondes, l’introduction « Tappin the Land Turtle » annonce la couleur et nous emporte dans un univers chaleureux, teinté de Soul et de World Music. La voix douce de Cherise Adams-Burnett, le solo de guitare rayonnant de Shirley Tetteh, une rythmique puissante et parfaitement en place… tant d’éléments réunis qui nous confortent dans l’idée que la suite ne pourra être que grandiose ! Alors on ferme les yeux, on ouvre grand les oreilles et on se laisse aller pour ce beau voyage musical qui vient tout juste de commencer.
Prochaine escale : le groove envoûtant de « How Nehemian Got Free », porté par un duo rythmique de haut-vol avec Daniel Casimir à la basse et Winston Clifford à la batterie. Sans effet de manche, l’énergie du morceau est particulièrement communicative (voire contagieuse) : difficile de ne pas se laisser aller à suivre la cadence, d’un mouvement de tête régulier !
Le saxophone de Camilla George se pose comme le fil rouge de cette excursion musicale. Avec une maturité déconcertante, la jeune musicienne s’illustre sur des sonorités aussi bien fusion que bebop comme sur « Carrying the running away » par exemple. Son jeu coloré et son timbre singulier font mouche à chaque fois, magnifiquement mis en lumière par un travail de composition original et raffiné.
Avec un travail d’arrangement remarquable et la voix charismatique de Omar Lye Fook en tête de proue, le morceau « Here but I’m Gone » annonce déjà le terminus de ce bel album. Dommage, on aurait bien continué un peu !
The People Could Fly, le rayon de soleil de cette fin année 2018 : à découvrir de toute urgence !
Lineup :
– Camilla George : saxophone alto ;
– Sarah Tandy : piano, Rhodes;
– Shirley Tetteh : guitare ;
– Quentin Collins : trompette ;
– Daniel Casimir : contrebasse, basse électrique ;
– Winston Clifford, Femi Koleoso : batterie ;
– Cherise Adams-Burnett , Omar Lye-Fook : chant.
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