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Les 12 meilleurs albums (Hits Couleurs Jazz) sortis le mois dernier : novembre 2025, donc :
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Avec :
- Brandon Sanders pour Lasting Impression ;
- Dhafer Youssef pour Shiraz ;
- Giovanni Mirabassi, Gianluca Renzi, Colin Stranahan + Peter Bernstein pour The N.Y.C Sessions Vol.1 ;
- William Brunard, Tchavolo Schmitt, Fanou Torracinta pour Django Celebration #2 ;
- Markus Conrad, Caspar van Meel, Afra Mussawisade pour Jaggat;
- Laurent Epstein, Eddie Gomez, Willie Jones III et Vanisha Gould pour French Movies in New-York ;
- Iiro Rantala, Kaisa Mäensivu, Morten Lund pour Trinity;
- Kerry Politzer pour Alternate Route ;
- Lafayette Harris Jr. pour All in Good Time ;
- Henri Texier pour Healing Songs ;
- Cyril Benhamou pour H.O.T ;
- Yoann Loustalot, Blaise Chevalier, Fred Pasqua pour Aérophone.
Laurent Epstein – French Movies in New York
Pour son nouvel album, Laurent Epstein signe un projet aussi élégant qu’inattendu : un hommage aux grandes mélodies du cinéma français, réinventées au cœur de New York avec un trio d’exception.
Aux côtés du pianiste, l’immense Eddie Gomez apporte sa sonorité chantante et sa science mélodique, tandis que Willie Jones III installe une pulsation souple et feutrée, digne de ses collaborations avec Roy Hargrove ou Bill Charlap.
La direction artistique de Daniel Yvinec et les arrangements ciselés de Philippe Maniez offrent un écrin raffiné où chaque thème se métamorphose sans jamais perdre son âme. Parmi les belles surprises, la voix lumineuse de Vanisha Gould donne une profondeur nouvelle à des chansons que l’on croyait figées dans la mémoire collective.
Enregistré à New York dans un climat d’écoute rare, French Movies in New York révèle un Laurent Epstein maître de l’équilibre : pianiste subtil, partenaire idéal, mais aussi leader assumé, capable de faire dialoguer élégance française et esprit new-yorkais. Un album limpide, chaleureux, superbement interprété — et une entrée discrète mais éclatante dans la cour des grands.
French Movies in New York est un album Plaza Mayor Company.
Retrouvez-le en concert au Sunside le 16 janvier 2026 !

Pour son nouvel album, le batteur Brandon Sanders affirme une présence musicale qui gagne en maturité et en intention. Entouré de Eric Scott Reed au piano, Warren Wolf au vibraphone et Eric Wheeler à la basse, il façonne un quartet précis, chaleureux et animé par un vrai sens du swing collectif. Deux titres accueillent l’une des meilleures voix du Jazz actuel, Jazzmeia Horn, dont l’expressivité naturelle apporte un relief supplémentaire sans jamais rompre la cohésion du groupe.
Entre standards revisités avec tact et compositions originales empreintes d’assurance, Lasting Impression diffuse un son ancré dans la tradition mais résolument vivant, où l’on sent un musicien qui assume pleinement sa signature.
Un album solide, vibrant, qui confirme Brandon Sanders comme l’une des voies à suivre de la scène américaine actuelle.

Lafayette Harris Jr. – All in Good Time
Le pianiste Lafayette Harris Jr. signe un album lumineux où l’élégance et la simplicité apparente cachent une grande maîtrise de l’art du trio. Aux côtés de Kenny Davis à la basse et Jerome Jennings à la batterie, il propose un programme qui glisse naturellement entre standards, compositions personnelles et relectures pleines de naturel. Trois titres accueillent Jeremy Pelt, dont la sonorité fauve et précise ajoute une dimension narrative saisissante.
Sur Long Hot Summer Blues, la présence chaleureuse de Houston Person vient enrichir l’ensemble d’un lyrisme intemporel.
Enregistré au mythique Van Gelder Studio, All in Good Time respire une musicalité directe, sans artifice, où chaque morceau trouve son juste équilibre entre tradition et modernité.
Un disque fluide, généreux, qui rappelle combien le jazz peut toucher juste lorsqu’il est joué avec sincérité et savoir-faire.

Dhafer Youssef – Shiraz
Avec Shiraz, le joueur de oud et chanteur Dhafer Youssef signe sans doute l’un des sommets de sa discographie récente — un album d’une profondeur émotionnelle rare, où chaque note semble guidée par une nécessité intérieure.
Construit comme un récit intime, le disque traverse gratitude, fragilité et renaissance, porté par une écriture d’une grande finesse et un sens unique de la couleur jazz. Entouré d’un groupe remarquable — le pianiste Daniel García, le trompettiste Mario Rom, le bassiste Swaéli Mbappé, le batteur Tao Ehrlich, et le guitariste Nguyên Lê en invité — il façonne un univers vibrant, à la fois ancré dans les traditions soufies et ouvert aux modernités du jazz européen.
La voix de Dhafer Youssef, d’une pureté bouleversante, se déploie ici avec une intensité nouvelle, comme si elle cherchait à saisir l’essence même de l’instant.
Shiraz est un album lumineux, d’une beauté ample et généreuse, qui confirme la place singulière de l’artiste parmi les voix les plus inspirantes du jazz contemporain.

Kerry Politzer – Alternate Route
Avec Alternate Route, la pianiste Kerry Politzer signe l’un de ses projets les plus vivants et les plus inspirés.
Profitant d’une seule journée de studio à New York, elle réunit un quintette d’exception — le guitariste Kurt Rosenwinkel, le saxophoniste Jaleel Shaw, le bassiste Alex Claffy et le batteur George Colligan — et parvient à capturer une musique aussi précise que spontanée.
Les compositions de Kerry Politzer, à la fois ciselées et accueillantes, ouvrent un terrain de jeu idéal pour ces personnalités fortes : élégance harmonique, mélodies fines, grooves qui avancent sans forcer.
Kurt Rosenwinkel y apporte son lyrisme lumineux, Jaleel Shaw son phrasé fluide et chantant, tandis que George Colligan, ici à la batterie, démontre une aisance rythmique impressionnante.
L’album alterne modern swing, ballades impressionnistes et clins d’œil au Brésil, toujours avec cette cohérence tranquille qui caractérise la pianiste.
Alternate Route respire l’écoute, la complicité et l’envie de jouer — une musique moderne, maîtrisée et profondément humaine.

Avec Trinity, le pianiste Iiro Rantala, la contrebassiste Kaisa Mäensivu et le batteur Morten Lund signent un disque rare : un album de standards joué comme s’ils étaient en train de naître pour la première fois. Réunis au Château Palmer dans des conditions presque chambristes — lumière naturelle, prise de son directe, aucune surproduction — les trois musiciens se découvrent en même temps que la musique qu’ils façonnent.
Il en résulte une spontanéité magnifique : un piano limpide, un walking bass souple et profond, une batterie qui respire la grande tradition danoise.
Sans chercher l’artifice, Iiro Rantala aborde les classiques avec une simplicité désarmante, laissant transparaître le cœur des mélodies.
Kaisa Mäensivu apporte une chaleur singulière, notamment dans un duo tendre et intimiste, tandis que Morten Lund, héritier du swing de Copenhague, fait circuler l’énergie avec une élégance naturelle.
Trinity évoque un trio qui joue vrai, qui écoute, qui respire ensemble. Un hommage lumineux à l’art du standard, capté dans un moment de grâce.

Le trio Yoann Loustalot – Blaise Chevallier – Fred Pasqua revient avec un album d’une grande liberté, porté par l’acoustique unique du Jazz Club Blue Perry.
Sans instrument harmonique, les trois musiciens sculptent un espace sonore aérien, entre lyrisme délicat, tension maîtrisée et improvisation ouverte. Un disque épuré, poétique, et d’une cohésion remarquable.
👉 Lire l’article intégral de Jean-Pierre Alenda, ici.

Henri Texier – Healing Songs
Avec Healing Songs, Henri Texier signe un retour profondément humain, (comme à son habitude), un disque pensé comme un baume – pour lui d’abord, pour nous ensuite. Le légendaire contrebassiste transforme ici des compositions anciennes et nouvelles en un espace de douceur et de lumière, un lieu où l’émotion circule sans emphase, avec cette pudeur et cette intensité qui lui appartiennent depuis toujours.
On retrouve son sens du chant, son art de faire respirer le silence, et cette capacité rare à créer une musique à la fois simple, directe et chargée de mémoire.
Healing Songs sonne comme un carnet intime rendu public : un geste de gratitude, un souffle apaisé, un appel à trouver un peu de profondeur dans la légèreté.
Henri Texier, figure centrale du jazz européen depuis plus de six décennies, continue de rappeler pourquoi il demeure un pilier : une voix unique, libre, toujours tournée vers l’essentiel.
Bon Dieu que ça fait du bien !

Jaggat – Jaggat (2025)
Un trio qui fait dialoguer les cultures avec élégance
Avec Jaggat, le trio du même nom signe un album où le jazz de chambre se mêle naturellement aux traditions musicales du monde.
Les compositions de Markus Conrad (guitare) et Caspar van Meel (contrebasse) ouvrent des espaces d’une grande clarté, propices à l’écoute et au voyage intérieur. Leur écriture, précise mais jamais rigide, trouve un terrain de jeu idéal dans les couleurs percussives d’Afra Mussawisade, dont les timbres multiples apportent profondeur et mouvement.
L’ensemble oscille entre raffinement mélodique et pulsations organiques, parfois élargi par le violon de Christoph König, qui ajoute une dimension quasi cinématographique. Sans jamais souligner ses influences, Jaggat fait affleurer des nuances venues d’Espagne, d’Inde, d’Afrique ou du monde arabe, au service d’une musique ouverte, contemporaine et chaleureuse.
Un album qui célèbre le dialogue des cultures avec finesse et une vraie cohésion de groupe.

Tchavolo Schmitt • Fanou Torracinta • William Brunard –Django Célébration #2
Ce deuxième volume de Django Célébration poursuit la série avec une personnalité tout à fait différente du premier opus. (voir article du mois dernier)
Tchavolo Schmitt y déploie son jeu tellurique, brut, incandescent, tandis que Fanou Torracinta apporte un son ample et chaleureux, d’une grande finesse de phrasé.
Entre eux, William Brunard crée la cohésion avec une contrebasse souple et généreuse, véritable colonne vertébrale de ce trio acoustique.
L’album revisite quelques perles du répertoire avec fraîcheur et imagination, entre swing nerveux, escapades lyriques et moments d’élégance suspendue.
Un hommage vivant à l’esprit de Django, où la tradition nourrit l’audace plus que la nostalgie.

Cyril Benhamou • Pascal Blanc • Jérôme Mouriez — H.O.T.
Avec H.O.T., le pianiste et multi-instrumentiste Cyril Benhamou ouvre un nouveau chapitre, bien décidé à repousser les lignes du jazz contemporain. Formé de Pascal Blanc à la contrebasse et Jérôme Mouriez à la batterie, le trio avance comme un laboratoire en mouvement, porté par un goût assumé pour les hybridations : groove moderne, improvisation ouverte, éclats électroniques et énergie live.
Né d’un concert au Festival Jazz des 5 Continents où la complicité entre les trois musiciens s’est révélée comme une évidence, le projet trouve son premier repère avec Hip Hop des Kids, un single solaire qui dit déjà beaucoup : son sens du rythme, ses couleurs actuelles et cette façon d’ancrer le jazz dans une écriture très contemporaine. L’album, enregistré par Jeff Ginouves, prolonge cette signature : un son clair, des textures mouvantes, une liberté revendiquée et une volonté de circuler entre les styles sans jamais perdre la cohérence du trio.
Quelques surprises jalonnent le disque, dont White Keys, revisite inventive d’un thème de Chilly Gonzales, où l’on retrouve la finesse harmonique de Benhamou et l’élan rythmique du duo Blanc/Mouriez. H.O.T. s’impose ainsi comme un terrain d’exploration aussi ludique qu’exigeant : un jazz moderne, ancré dans son époque, mais toujours guidé par l’écoute, l’interaction et le plaisir de créer ensemble.
Giovanni Mirabassi – The N.Y.C. Sessions Vol. 1
Dans ce premier volume consacré au Great American Songbook, Giovanni Mirabassi surprend en abordant les standards américains avec une liberté nouvelle, presque comme un premier regard posé sur un répertoire pourtant gravé dans l’histoire.
A ses côté, le contrebassiste Gianluca Renzi, partenaire de longue date, et le batteur new-yorkais Colin Stranahan, deux compagnons de grande envergure.
Le pianiste façonne ainsi un trio d’une cohérence immédiate.
L’enregistrement, capté au Samurai Hotel Studio par Mike Marciano, offre un cadre vivant et chaleureux où tradition et modernité se répondent sans jamais s’opposer.
On y entend la maturité mais aussi la fraîcheur d’un musicien fort de trente ans de scène, ainsi que l’élan d’un trio qui joue avec le plaisir simple du moment présent. Un premier volume qui annonce une série prometteuse, portée par une élégance intemporelle et un vrai sens du swing.




















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