On nous avait annoncé un « Broadbent Plays Brubeck » avec des arrangements pour orchestre à cordes ! Au lieu de quoi nous est livrée cette friandise apéritive en trio… Une perle de la plus belle eau !
Au programme, pour l’essentiel une belle association de standards I Fall in Love Too Easily de Jule Styne, Fine and Dandy de Kay Swift, Minority de Gigi Gryce, Crazeology de Charlie Parker…), déclinés dans un climat mêlé d’intensité ou de belle intimité, celles du triangle bien sûr, (ces trois-là se pratiquant de longue date, ils se connaissent sur le bout des doigts), mais aussi celles qu’ils parviennent à créer avec les auditeurs/spectateurs que nous sommes, en réussissant à entretenir notre curiosité et notre intérêt par d’incessantes trouvailles et par ce parler du cœur qui touche droit au nôtre.
Il n’est plus question avec eux de technique instrumentale (parfaitement maitrisée, elle passe au second plan), mais du pouvoir évocateur/invocateur que leur musique est capable d’induire dans notre esprit, de cette grâce qu’ils ont de nous faire rêver, de provoquer l’éveil de nos émotions, que ce soit sur une valse, un blues ou un tempo hard bop enlevé.
Difficile de parler d’Alan Broadbent sans essayer de résumer sa trajectoire : Natif d’Auckland (Nouvelle Zélande), il bénéficie à 19 ans d’une bourse d’étude du magazine Downbeat pour le Berklee college of Music de Boston (1966), rejoint le Big Band de Woody Herman en 1969 comme pianiste et arrangeur, puis multiplie les genres, associant des coopérations avec la chanteuse Irene Kral, Nelson Riddle, David Rose et Johnny Mandel.
Les années 90 le voient collaborer avec Natalie Cole (Unforgettable), recevoir son premier Grammy Award, pour When I Fall In Love (1997) et entamer un long compagnonnage avec Charlie Haden, au sein de son Quartet West.
Un second Grammy Award (2000) vient récompenser l’arrangement écrit pour Shirley Horn sur le Lonely Town de Bernstein.
Soliste ou à la tête de son trio, Il a coopéré avec ou joué pour Herbie Hancock, Sonny Rollins, Keith Jarrett, Diana Krall, Glen Frey, Paul McCartney et le London Symphony Orchestra …
Harvie S,(pour Swarts) à la contrebasse est de la même génération qu’Alan. Après une formation pianistique initiale, sa conversion à la contrebasse a coïncidé avec son passage par la case Berklee (1967), avant de se commettre avec quelques éléments du gratin de Boston (Al Cohn, Zoot Sims, … et d’émigrer vers New-York City (1972), pour s’émanciper avec Thad Jones, Gil Evans, Lee Konitz,….
On le retrouve ensuite dans de nombreux albums en duo avec Sheila Jordan, puis en leader de ses propres groupes dans les années 90 et plus récemment dans des collaborations avec Kenny Barron, ou comme membre du Westchester Jazz Orchestra.
Billy Mintz, (batterie) quant à lui, est originaire du Queens, dans la banlieue de Manhattan, où il commence une carrière professionnelle dès l’âge de 15 ans, avant de passer l’East River pour jouer et enregistrer avec le Lee Konitz Nonet (1978), Eddie Daniels… et d’émigrer vers la côte Ouest et Los Angeles où une carrière au long cours l’amènera à collaborer avec Stanley Clarke, , Bobby Shew, …
Ajoutez à cela une activité d’enseignement (en particulier au Berklee de Boston, au California Institute of the Arts, à la North Texas State University), de journalisme, l’écriture de deux livres… Et vous aurez une idée de l’envergure du personnage !
Il se cantonne depuis quelques années à New York, où on a pu le voir diriger le Two Bass Band ou le Billy Mintz Band, ou se produire avec les formations d’Alan Broadbent, Roberta Piket ou Russ Lossing.
L’album New York Notes est sorti le 13 avril 2019. Savant Records SCD 2166.
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