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Mercredi 14 mars, autour de midi, alors que dehors un beau soleil quasi-printanier illumine le ciel parisien, une nouvelle vient enténébrer ma journée : Sylvain Luc est décédé.

Quelle incroyable nouvelle et quelle immense tristesse ! Un musicien exceptionnel et un homme formidable nous quitte quelques semaines avant son anniversaire : le 7 avril il aurait eu 59 ans.

Tous ceux qui l’ont connu savent que Sylvain était un homme remarquable : convivial, modeste, généreux…

Tous ceux qui ont pu l’entendre en direct auront été stupéfié de sa musicalité, de son imagination mélodique inépuisable, de son époustouflante assise rythmique. Car avant d’être un guitariste hors pairs Sylvain était un musicien extraordinaire, ne serait-ce que parce qu’il avait également étudié le violoncelle et la basse électrique et accompagné dans sa jeunesse ses frères accordéoniste et batteur dans les bals de son pays basque natal.

D’où une ouverture peu commune qui lui a permis, parallèlement à une carrière dans le jazz, d’accompagner des chanteurs de variété et non des moindres.

La première fois que j’ai vu Sylvain Luc sur scène c’était il y a une trentaine d’années au Théâtre de la Mer de Sète où il accompagnait Eric Lelann. En plein après-midi ensoleillé un guitariste inconnu (de moi) faisait sa balance-son en jouant du Bach à la guitare électrique ! Inutile de dire qu’à partir de ce moment j’ai suivi la carrière de Sylvain d’aussi près que possible. Et dans tous les contextes où je l’ai vu il m’a stupéfié, et pas que moi. Aucun public ne pouvait résister au charme d’un concert de Sylvain, entre autres en solo.

Et il en était de même avec les musiciens avec lesquels il partageait la scène. Je me souviens d’André Ceccarelli — avec lequel Sylvain et Jean-Marc Jafet avaient créé le Trio Sud — jubilant derrière sa batterie à suivre les méandres du solo où son guitariste entraînait ses deux comparses.

Et — outre ce Trio Sud — c’est essentiellement en duo que Sylvain Luc a gravé ses disques les plus mémorables car pour lui la musique n’allait pas sans le partage. Avec ses collègues de 6 cordes Biréli Lagrène ou Louis Winsberg, avec ses compatriotes du Sud-Ouest Bernard Lubat, ou Michel Portal avec l’accordéoniste Richard Galliano, le trompettiste Stéphane Belmondo ou sa compagne guitariste Marylise Florid

Sylvain Luc avec Stéphane Belmondo – Remise des Prix de l’Académie du Jazz, le 3 mars 2022. ©Photo Gaby Sanchez pour Couleurs Jazz

Dans tous ces contextes Sylvain déployait un jeu de guitare virtuose mais sans ostentation qui révélait chez lui une oreille harmonique impressionnante, une maîtrise du manche sans équivalent et une capacité à improviser de façon totalement imprévisible tant sur le plan mélodique que rythmique, essentiellement sur des guitares de la marque Godin à la sonorité proche de l’acoustique.

Avec Sylvain disparaît un des musiciens français les plus passionnants de la scène jazz internationale. Un musicien dont on ne se lassait pas de suivre le parcours et qui nous manquera immensément tant nous étions peu préparés à ce qu’il nous quitte si tôt.

©Photo couverture et Header, Patrick Martineau/JzzM

Photo Header 2021 avec Birelli Lagrène au Festival de Longjumeau.

Photo couverture, janvier 2024 au Charlie Jazz.

 

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