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Une invitation de L’Office de Tourisme des Canaries (Turismo de Gran Canaria) nous permit, avec quelques-uns des medias jazz les plus influents en Europe, d’assister à plusieurs magnifiques soirées de concerts, dans l’île de Gran Canaria.

Notre reportage couvre les quatre soirées du 12 au 15 juillet 2023 dans l’île de Gran Canaria.

A noter que les groupes invités donnent en général deux concerts d’affilée, l’un dans l’île de Gran Canaria et l’autre dans l’Ile de Tenerife.

Nous ne pourrons rendre compte ici hélas, des magnifiques affiches des jours précédents :

Jazzmeia Horn, Kurt Elling & Charlie Hunter, Richard Bona & Alfredo Rodríguez feat. Michael Olivera ou après notre départ, Carmen Souza, ou encore le magnifique trio de Daniel Garcia, pour ne citer qu’eux.

En un mot, Canarias Jazz & Mas est un grand festival de Jazz, bien ancré dans la culture locale et qui attire de plus en plus de touristes qui profitent à la fois des paysages époustouflants des Iles Canaries pendant la journée et de ces concerts jazz parfois gratuits. 2023 célébrait la 32ème édition.

Le soir de notre arrivée, nous filons à l’Auditorium Alfredo Kraus, Rincon del Jazz…. Où se produit le 4tet de Manu Katché, le parrain de Couleurs Jazz à sa création sur iPad en 2012. L’homme a toujours la même belle énergie, l’authenticité et l’honnêteté dans sa démarche créative. Le projet qu’il présente ce soir là est son projet « Scope » sorti en 2019  chez Anteprima Productions / Bendo Music, un mix mainstream électro-jazz-pop soul dans la plus belle acceptation de ces genres fusionnés.

On peut dire ce que l’on veut, mais avec un tel batteur aux baguettes, ça sonne comme le carillon de la cathédrale locale, un jour de résurrection. Il y a plusieurs années (avant le Covid) que je n’avais eu la chance de voir Manu Katché sur scène. Ce qui frappe (c’est le terme exact) c’est la rigueur, dans le tempo, le toucher, la justesse, la virtuosité éclatante, comme dansante.  La joie d’officier est évidente et communicative. Alors forcément, le public  est pris par la main et suit presque les yeux fermés, le 4tet dans ses pérégrinations sonores.

Manu Katché partage vraiment, il prend le temps d’expliquer au public sa démarche entre deux morceaux. Ses sidemen sont des tueurs ! Rompus à toutes les épreuves , à leur écoute, tout semble facile et couler de source, dans la gaité  et le chant. Jérôme Regard est un maître horloger à la basse électrique, Patrick Manouguian, colore les tableaux musicaux de sa six cordes électrique qui groove et pour apporter les touches électros et compléter le tableau, Evin Galland est aux claviers.

Le spectacle est enrichi sur plusieurs titres de vidéos magnifiquement réalisées projetées sur un écran au-dessus des musiciens qui sont tous à la même hauteur, grâce à une estrade rehaussant les musiciens assis (le clavier et la batterie) les mettant au niveau des musiciens debout, (la basse électrique et la guitare).

Apparaissent donc les vidéos avec les voix de Faada Freddy  sur Vice  et de Jazzy Bazz  sur Paris me Manque.

Le public chaleureux, venu en très grand nombre est enthousiaste. Standing ovation !

Deuxième soirée, deuxième concert pour nous : Salvador Sobral

Totalement inconnu de nos services, et pour cause ! Car l’homme surprit parait-il le monde, en remportant l’Eurovision(vous savez ce truc bizarre, cette émission comble du mauvais goût et de tout ce que l’on peut trouver de plus racoleur et de très long, où il ne se passe rien, sur les écrans de télévision. «Spain 3 points, Espagne 3 points…). Donc c’est un peu perplexe et en traînant un peu des pieds que nous nous rendons  au Teatro Perez Galdos, à Las Palmas. La salle est pleine. L’homme a son public de fans c’est certain.

Nous apprenons plus tard que ce chanteur au charme incroyable, à la voix superbe, excellent acteur sur scène, fut récemment transplanté cardiaque. Il s’agit donc d’un miracle, d’un mirage bien réel.

A l’écoute des premiers titres, nous ne somme pas dans le jazz, certes, mais dans une expression artistique de haut niveau. Des capacités vocales étonnantes soutenues par une présence scènique tout à fait réjouissante.

Salvador Sobral, au charme évident, fera plusieurs incursions dans la salle, au beau milieu de public et chantera sans micro,  de superbes mélopées.

Il en vient parfois à démarrer des scats tout à fait étonnants… Je regrette qu’il ne pousse pas plus loin dans cette voie. Je suis certain qu’il s’essaiera au jazz vocal moderne, bientôt ! Il pourrait en étonner plus d’un.

J’ai passé un soirée formidable ayant découvert un fantastique artiste.  A la vue des Hourras et de la standing ovation qui s’empara du Théâtre Perez Galdos, je ne suis pas le seul à l’avoir pensé.

Je n’étais pas du tout convaincu d’avance, mais conquis ensuite !

Interlude.

Visite organisée par l’Office du Turismo de Gran Canaria avec Marc*, un guide, ancien confrère journaliste reconverti, qui s’est spécialisé dans les tours personnalisés exclusifs, en petits groupes, en particulier dans l’environnement dans l’œnotourisme. Nous allons bien nous entendre.

Bref détour par de magnifiques villages, au charme éloigné de la côte nord de l’île, assez bétonnée autour de Las Palmas.

La brise des alizées apporte son tapis de fraîcheur. Un vent venu du Sahara Marocain pousse les locaux à s’excuser du climat un peu plus chaud que d’habitude. Nous sommes bien surpris, car arrivant de l’Europe continentale nous souffrons bien davantage des canicules estivales. Non décidément le climat des Canaries est en toutes saisons formidable !

Le village de Teror avec ses façades typiques, ses balcons anciens, ouvragés en pin des Canaries, rappelant les façades de Mexico ou de Porto Rico, son air doux et parfumé, ses arbres et ses plantes tellement variées est un lieu de villégiature à découvrir sans tarder.

Il est dit que cette petite île est un  monde en miniature, bénéficiant de nombreux micro-climats et de paysages extrêmement variés. 

Nous montons ensuite à Tejeda pour y découvrir un  point de vue remarquable sur quasiment toute l’île. De là nous pouvons découvrir les pentes abruptes ses vallons profonds et la végétation beaucoup plus aride de la côte ouest, bénéficiant moins de l’humidité salvatrice apportée par les brises atlantiques.

La redescente se fera en partie par la Route des Vins, autre produit Canarien d’exception.

Les cépages autochtones, le Malvoisie entre autres, cultivé sur plusieurs des îles Canariennes, produit des vins de très grande qualité.

Nous déjeunons chez un vigneron-aubergiste qui cultive la vigne sur les pentes abruptes de son petit vallon, organisées en paliers, sur un terrain volcanique, installé ici depuis au moins quatre générations, le domaine Vandama.

Nous pourrons y déguster avec un excellent repas, fait de produits locaux, un 100% Listan Negro avec beaucoup de fruit et suffisamment de corps pour déguster des grillades l’été. Et un Negramoll 100%, plus léger que le Listan Negro, avec une belle acidité et suffisamment de rondeur en bouche pour pouvoir être apprécié avec des tapas locaux comme le gofio par exemple.

Le soir, dans le charmant village de la Villa de Santa Brigada, le théâtre des opérations se déroule en plein air dans le Parque Municipal. Une joyeuse foule a pris place devant la scène où deux groupes animeront la soirée.

D’abord Daïda, bien connu des auditeurs de Couleurs Jazz Radio depuis la sortie  il y a deux ans de leur étonnant album « La Passion du Cri ».

Le groupe marque les esprits et multiplie les invitations pour les festivals. Il sera d’ailleurs à Jazz in Noyon mi-octobre de cette année. Et fait notoire dans le jazz, il convainc un public plus jeune.

A Villa de Santa Brigada, toutes les tranches d’âges sont en fait représentées.

Dans cette musique s’expriment les sentiments paroxystiques exacebant les  « Passion(s) » qui jalonnent cette « Kyrielle » d’histoires. Tantôt révoltées et tourmentées, Daïda propose des voyages musicaux également mâtinés d’onirisme ou de nostalgie, à l’image d’une grande épopée. Portée par cette énergie, la musique de Daïda prend source dans les rythmiques effrénés, qui flirtent avec la transe des musiques technos, se mélange aux thèmes et harmonies lyriques au gré des envolées des solistes. Ce jazz français d’un genre nouveau emprunte aux musiques actuelles leur énergie et leur efficacité. De nouveaux morceaux faits dans l’esprit du premier album sont joués ici et enthousiasment le public, définitivement conquis.

Retenez ces noms : Auxane Cartigny, synthé ; Arno Casanove, trompette ; Samuel F’hima, contrebasse ; Antonin Fresson, guitare ; Vincent Tortiller, batterie.

Etait-il pourtant indispensable de saturer la sono ? Je veux bien que ce type de musique invite à une écoute avec un volume sonore plus important. Mais mes oreilles saturées ne supporteront pas toute la soirée. Thorbjørn Risager & The Black Tornado, le groupe danois qui suit en fera un peu les frais. Mais sans doute là n’est pas l’unique raison : leur style rock country old school ne me convainc pas. pourtant il semble trouver l’adhésion du public.

Le samedi 15 juillet, notre dernier soir (ce séjour passe trop vite…!) c’est un peu le clou du spectacle, le point culminant du festival qui en est un peu plus à moitié du parcours. (30 juin au 23 juillet 2023) : le Metropole Orkest, orchestre Jazz – pop néerlandais.

Le Metropole Orkest (Metropole Orchestra) plus grand ensemble taille XXL permanent au monde est basé aux Pays-Bas. Il s’agit d’un orchestre hybride, à la fois jazz, big band et orchestre symphonique donc. Composé de 52 à 97 musiciens, il est polyvalent dans de nombreuses formes musicales et dispose d’une « double section rythmique », l’une pour la pop et le rock, l’autre pour le jazz.

Ce soir là, au Téatro Cuyas de Las Palmas, (encore une très belle salle de spectacle) la formation emplit tout l’espace scénique. IIls sont venus en formule réduite : 50 personnes tout de même ! La très fluette cheffe d’orchestre Miho Hazama, 36 ans, à l’autorité naturelle et à la façon très souple et précise de conduire son orchestre est née au japon et vit actuellement à New york.

Pendant le concert elle interviewera entre les morceaux, l’invitée star de la soirée, la chanteuse et pianiste, Kandace Springs.

On est dans le très haut niveau d’exécution pour l’interprétation de standards et de morceaux choisis.

Cet orchestre que j’écoute en live pour la première fois est impressionnant de placement et de justesse. Les chorus (un peu courts à mon goût), sont tous d’excellente facture.

Retenons les noms de Peter Tiehuis, guitare ; Martin van den Berg, trombone basse ; Marc Scholten, saxophone, Ray Bruinsma, trompette, … j’en publie très certainelement. Qu’ils me le pardonnent.

Kandace Springs est très émouvante dans toutes ses interventions, dans l’interprétation de ses compositions personnelles, comme de standards, la set list reposant principalement sur son album Indigo sorti en 2018 chez Blue Note.

 Elle possède cette voix souple et chaleureuse, ainsi que cette remarquable maîtrise expressive dans sa façon de jouer du piano. Le 2ème « Encore «  nous permet de l’écouter seule au piano, scattant sur « Simple Things »

Standing ovation encore pour cette superbe soirée avec un public connaisseur, dans un lieu magnifique situé en centre ville de Las Palmas.

Le Festival Canarias Jazz & Mas, à la programmation diverse et d’excellente qualité, gagne à être connu. L’île de Gran Canaria avec ses merveilleux micro-climats, sa gastronomie et ses multiples richesses naturelles, est un must. Nous militons pour le toursime-jazz. La meilleure façon de profiter de toutes les Couleurs Jazz, dans les conditions les plus douces.

A Las Palmas, réservez une table à « La Marinera ». Ici pas d’improvisation, mais un vrai savoir-faire et savoir recevoir. Un autre grand moment !

Merci à Miguel Ramirez, directeur du Festival et à toute son équipe pour cette autre magnifique découverte ! 

Canarias Jazz & Mas doit faire partie de vos prochaines séjours  en villégiature autour du Jazz.

 

(*)Marc Llorens. Private & Tailored-Made Tours. Tours Privés sur Mesure

Office de Tourisme des Canaries

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