Zool Fleischer – The FAB Three

En voilà un qui vraiment se fait rare dans la livraison de galettes. Il nous revient ici avec cet enregistrement en trio où sa maestria du clavier justifie encore son surnom parfois usité de Zébulon du jazz.

Une discographie rare mais toujours surprenante et innovante, décoiffante, surprenante et maintenante. Pourquoi ce néologisme ? Parce que Zool Fleischer sait capter l’esprit du jazz du moment sans négliger la tradition, les apports, les ajouts et surajouts, les hésitations comme les audaces.

Après un album sobrement intitulé « Trios« , son presque solo sur « Zoolitude » et le génial duo avec le trombone de Denis Leloup sur « Zooloup« , on l’attendait depuis vingt ans. Et le revoizool !

Etonnant disque où l’on croit n’entendre qu’un morceau de bout en bout alors qu’il s’agit bien d’un kaléidoscope de sonorités éparses comme si l’on passait allègrement de Eubie Blake à Chick Corea sans presque s’en apercevoir ! (De Petit Grain à Déesse)

L’écoute passe aussi par la performance musicale contrebasse de Marc Bertaux, accompagnateur de longue date et de la batterie de Franck Agulhon, omniprésent aux peaux et dont l’absence parfois le réinvente (Goodbye). La paire rythmique, loin d’un simple fade accompagnement, souligne chaque note, et crée ainsi sa propre partition comme un chemin qui permet les pas pianistiques.

Toutes les compositions (sauf une) sont signées par Zool Fleischer, inventeur génial mêlant recherche et tradition comme une sorte de Phineas Newborn inspiré par Satie.

Zool Fleischer, entre contrepoint et contretemps, réveille nos contre-sens du jazz, éveilleur de sons mais aussi de rythmes, le jazz entre blues et java. Une ode à la cristallinité timbrée.

Un pianiste à découvrir à défaut de le redécouvrir.