Three of a Kind – Made up Melodies

Ce qui frappe d’emblée dans cette conversation à trois c’est la fluidité du discours.

Que la guitare et le sax exposent le thème à l’unisson ou tressent de savants contrepoints l’un par rapport aux lignes de l’autre, on est dans une esthétique de la subtilité mélodique et harmonique, ce qui n’empêche pas le débit d’être par endroits pugnace.

Ces trois-là savent s’écouter et l’interplay entre eux est une priorité.

Ils se sont réparti les compositions et les solos, et l’entrelacs des phrasés sollicite constamment l’oreille de l’auditeur qui y reconnaîtra sans doute l’influence du trio de Jimmy Giuffre avec Jim Hall à la guitare.

Il en résulte une musique joyeuse, sereine ou ludique qui affirme sans retenue un plaisir de jouer qui la rend intemporelle. Rien ici ne sonne intellectuel ni ne manifeste un désir de recherche abstraite.

Que ce soient trois Français établis à New York qui se positionne dans cette esthétique montre à quel point ce langage est devenu universel et ces trois musiciens s’y expriment avec une sincérité et une générosité qui emporte l’adhésion.

Si par endroits c’est l’ombre de Sonny Rollins (sa période avec Jim Hall, bien sûr) qui pointe son nez, ailleurs c’est le « Two of a Mind » de Paul Desmond et Gerry Mulligan qui est évoqué. C’est dire que ces trentenaires ont de solides racines qui ne les amènent jamais à donner dans la nostalgie ou le passéisme.

La mélodie n’est-elle pas intemporelle et la tendance à faire chanter son instrument — le ténor et le soprano de Jon Boutellier, bien sûr, mais la guitare de Michael Valeanu et la contrebasse de Clovis Nicolas également — n’est-elle pas universelle ?

On est donc ici en terrain connu où les airs sonnent avec une évidence qui n’empêche pas ces trois-là de nous réserver moult surprises au détour d’un thème.

Difficile de résister à tant de charme et tant de candeur.