Après entre autres « Round about Roma » ou « Morricone Stories » c’est de nouveau un disque italianissime que nous propose Stefano Di Battista.
Alternant des thèmes de BO de films tels que le titre éponyme de l’album, « Amarcord » ou « La Vita è Bella » et les chansons devenues des tubes comme « Volare », « Una Lacrima Sul Viso » ou « Con te Partiro » il nous plonge dans un bain de mélodies enchanteresses que son lyrisme habituel magnifie.
En quartet ou en quintet franco-italien (complété par Matteo Cutello, un excellent trompettiste que je ne connaissais pas — l’Italie est clairement une terre de prédilection pour l’instrument : Rava, Fresu, Boltro, Bosso, Falzone… ne diront pas le contraire) où brillent Fred Nardin, Daniele Sorrentino et un André Ceccarelli qui déploie un magnifique accompagnement essentiellement aux balais, Di Battista promène avec une élégance et une décontraction enthousiasmantes son alto et son soprano sur des mélodies savoureuses qui se prêtent parfaitement à un traitement jazz.
En effet, contrairement aux jazzmen hexagonaux qui boudent souvent le répertoire de la chanson française, les Italiens ont tôt compris que chez eux nombre de chansons ne demandaient qu’à se plier à un traitement swingant et à devenir des véhicules pour l’improvisation.
Il faut dire que la Botte regorge de musiciens formés initialement dans les bandas (les harmonies locales) où divers styles musicaux se côtoient : airs d’opéra, musiques populaires, thèmes de comédies musicales américaines…
La mélodie est donc reine en leur sein et l’approche du jazz des instrumentistes transalpins s’en ressent en ce qu’elle est généralement plus lyrique et moins « intellectuelle » qu’ailleurs.
Di Battista, qui connaît sur le bout des doigts le répertoire italien comme les standards américains, est donc fort bien placé pour opérer la jonction de la chanson et des musiques de film italiennes avec le jazz, lui qui a aussi bien joué aux côtés d’Enrico Rava que d’Elvin Jones.
Par ailleurs le saxophoniste romain possède une sonorité chaleureuse et fruitée — une des plus belles qui soient sur le soprano — et une imagination mélodique qui font de ses solos de petits bijoux sonores. S’il est ici — en quartet — le principal soliste, l’accompagnement de Fred Nardin est constamment inventif sur le plan rythmique et harmonique.
Quant à Matteo Cutello, qui intervient sur quelques titres, c’est une véritable révélation qu’on a hâte d’écouter dans d’autres contextes.
Détendez-vous et savourez cette galette transalpine : la vie est belle et douce !
Musiciens :
Stefano Di Battista : saxophone
Matteo Cutello : trompette
Fred Nardin : piano
Daniele Sorrentino : contrebasse
André Ceccarelli : batterie
La Dolce Vita est sorti sous le label Warner Music le 03 mai 2024. Il est « Hit Couleurs Jazz » et fait partie du « Best Of du Mois » de mai 2024, sur Couleurs Jazz Radio.
©Photo Header : Cicco di Francesco.
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