Disons-le tout net, Peg Carrothers n’est pas une chanteuse de Jazz. A vrai dire Peg Carrothers n’est pas à proprement parler une chanteuse. Peg Carrothers est une femme qui chante. Et ça fait toute la différence…
Ainsi débute la fiche du dossier de presse qui nous est adressée pour présenter l’album de Madame Peg Carrothers. Du coup je ne sais plus comment l’appeler, sinon madame ! Car il s’agit sans conteste d’une dame qui chante, et qui au demeurant chante bien. Elle devrait en faire son métier.
Toujours est-il que Peg Carrothers fait tout de même des albums comme on fait des gâteaux, depuis 2001 (Blue Skies, Edges of My Mind, Armisitcie 1918, Playday, Sunday Morning, The Voices that are Gone ), avec son mari Bill (Carrothers), excellent pianiste et arrangeur, au jeu tout en subtilité. Ils se réunissent entre amis et hop, ils décident de temps en temps d’enregistrer un album, comme on déciderait de partir en vacances ensemble ou de faire une crêpe party.
© Photo. Maxime François
Donc à part Bill Carrothers au piano, il y a cette fois Dean Magraw avec ses guitares et Billy Peterson à la contrebasse.
Pas de batterie. Et pas besoin au fond. Le quartet fonctionne avec entrain et interplay.
Peg à l’époque se présentait ainsi : « Nous vivons actuellement dans la péninsule supérieure du Michigan avec deux enfants, deux chats et un poisson rouge… La musique est ce que j’ai de plus précieux dans la vie pour supporter ce monde de fous… »
Depuis les enfants ont dû sacrément grandir. On ne sait ce qu’est advenu du poisson rouge et si il a survécu aux deux chats qui ne sont certainement plus de ce monde, mais Bill est devenu un pianiste reconnu, et 5 ou 6 albums sont sortis tout de même. Ce qui somme toute n’est pas si mal pour une dame qui n’est pas chanteuse.
Mais il semble que Peg soit restée la même. Elle affiche une certaine distance par rapport aux choses ou plutôt du recul.
Le fait d’être anticonformiste n’est-il pas déjà un peu jazzy ? Chanter simplement avec humilité ses émotions risque davantage de toucher en allant droit au but. Et certainement plus que les voix tellement formatées que l’industrie (sans parler de la télévision !) nous impose si souvent.
De l’authentique, du naturel, sans esbroufe. Voilà le mode d’expression de Peg Carrothers.
En effet ça ne ressemble en rien au chant des nouvelles divas du jazz.
Et si ce n’était pas ça justement la petite chose que l’on ressent à l’écoute de Beyond The Blue Horizon, cette fragile onde, fraiche et agréable.
Nous avons en particulier aimé Moonglow, titre qui parle d’étranger, de visiteur venu de mars, de lueur de lune…
Le titre est en sélection depuis sa sortie dans Couleurs Jazz Radio.
Rendez-vous au Sunset /Sunside le 4 juillet pour écouter Peg Carrothers, la dame qui chante avec son mari Bill et leurs amis. Au Sunset, le guitariste Dean Magraw est remplacé par le violoncelliste Matt Turner et à la contrebasse, on retrouvera l’excellent Jean-Philippe Viret.
Beyond the Blue Horizon est un album Sorti le 21 juin 2019 sous le label « Vision fugitive »
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