Jeune quinquagénaire, Nils Wogram est une figure majeure du jazz allemand et commence à être connu en France du fait de sa présence au sein du dernier groupe de Michel Portal.
Ayant à son actif une trentaine de disques — dont neuf avec le quartet Roots 70 qu’il a créé en 2001 — en trente ans de carrière, Wogram est un musicien prolifique qui possède une large palette expressive, des duos avec le pianiste soviétique Simon Nabatov ou avec Bojan Z à un enregistrement avec le NDR big band de Hambourg. Sur ce nouveau CD de Roots 70 on peut noter une volonté d’œuvrer dans la douceur sur des tempos majoritairement lents ou médium, ce qui fait d’autant mieux ressortir les quelques titres qui affichent une alerte vivacité.
La sonorité magnifiquement ronde et fruitée du trombone du leader s’y exprime pleinement et son interaction avec l’alto du saxophoniste néo-zélandais Hayden Chisholm, fortement marqué par l’influence de Lee Konitz, est un régal permanent. Quant à la rythmique — où brillent un autre néo-zélandais, le bassiste Matt Penman, et le batteur allemand Jochen Rueckert — elle est constamment stimulante et se distingue par son souci de musicalité qui en fait un élément clé du chant de ce quartet pour qui la mélodie est clairement une priorité.
Les interventions solistes des deux souffleurs sont, à ce niveau, toujours marquées par une volonté de lisibilité.
Rien d’aride, donc, dans ce CD où les contrechants du trombone et du saxophone coulent avec un naturel confondant. Soit un enregistrement à la fois d’une totale modernité et parfaitement intemporel par un quartet soudé qui a réussi à se maintenir pendant plus de deux décennies en proposant une esthétique qui en fait un des combos les plus stimulants de ce début de millénaire.
Musiciens :
Nils Wogram : trombone
Hayden Chisholm : saxophone alto
Matt Penman : contrebasse
Jochen Rueckert : batterie
©Photos Corinne Hächl
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