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Que ce soit au serpent ou à la basse électrique, Michel Godard — qui a déménagé dans le sud de l’Italie voici quelques années — continue son exploration de sa relation avec la musique ancienne ou baroque et confirme son attirance pour les voix féminines.

En compagnie de partenaires transalpins, dont le magnifique — et méconnu en France — Roberto Ottavianoqui co-dirige cette formation, le musicien français, dont on n’en finira pas de s’étonner de sa faible présence sur les scènes de l’Hexagone, propose un répertoire de compositions de sa plume ou de celle du saxophoniste, du théorbiste ou de l’une des deux vocalistes.

Attardons-nous un peu sur Roberto Ottaviano, qui — je me répète — est scandaleusement peu connu de notre côté des Alpes : il est une des voix les plus importantes sur le saxophone soprano, dont il a peaufiné le jeu entre autres auprès de Steve Lacy, bien que sa sonorité, magnifiquement fruitée, ne ressemble en rien à celle de son mentor américain.

Ottaviano fait partie de ces musiciens italiens qui ont développé une identité propre en évitant les écueils du hard bop et du free jazz, si présents dans la Botte.

Rien d’étonnant à ce que Godard l’ait choisi comme partenaire : tous deux ont un immense amour du son et un parcours atypique qui se soucie peu des modes et des tendances dominantes.

C’est cette appétence pour le son qui explique aussi l’attrait de Godard pour le théorbe — auquel il a déjà eu recours par le passé —, qui est ici le seul instrument harmonique et dont la sonorité est splendide.

Il en est de même pour son intérêt pour la voix, particulièrement féminine.

Godard a longtemps vécu avec la vocaliste transalpine Linda Bsiri, aujourd’hui disparue, et on l’a entendu aux côtés de la grande Lucilla Galeazzi ou de la non moins magnifique Cristina Zavalloni (voir la chronique ici même).

Les deux vocalistes qu’il a invitées sur le présent projet, l’une chanteuse l’autre récitante, ne sont pas des musiciennes de jazz, mais qu’importe. Elles participent pleinement à l’atmosphère onirique qui se dégage de la plupart des morceaux de ce beau disque qui, s’il ne plaira pas nécessairement aux amateurs de jazz-jazz, séduira tous les auditeurs aux oreilles décloisonnées, pour qui le son est aussi important qu’il l’est pour ces cinq musiciens atypiques.

Musiciens :

Michel Godard : serpent, basse électrique

Roberto Ottaviano : saxophone soprano

Luca Tarantino : théorbe

Nina Giannuzzi : chant

Anita Piscazzi : voix

Astrolabio Mystico est sorti sous  le Label Dodicilune le 31 octobre, 2023

© Photos Maurizio Bizzochetti

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