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Depuis quelques décennies, le jazz s’est ouvert et mélangé à des types de musiques autres. De la world music à la musique classique — et singulièrement baroque —, folk, électronique, rap…

Pour l’amateur de jazz ancré dans la tradition (du New Orleans au post-free) ce tropisme exogène n’est pas toujours convaincant, loin s’en faut.

Mais parmi les plus grandes réussites, c’est sans doute la rencontre du jazz et de la musique baroque qui a produit les meilleurs résultats et je ne résiste pas au plaisir de vous conseiller (si vous le trouvez car il n’est sur aucune plate-forme à ma connaissance) le « Orange Has Me Down » du trompettiste Jack Walrath où il revisite la musique pour les funérailles de la reine Mary, de Purcell, en y ajoutant un tempo… reggae (« Journey, Man ! » — Evidence Music). Mais tous les jazzmen n’ont pas ce sens de l’humour et leur attirance pour la musique baroque me semble liée à ce qu’elle est souvent proche du jazz sur le plan harmonique et rythmique, sans compter le fait qu’aux XVIIème et XVIIIème siècles les compositeurs étaient tous également des improvisateurs.

Sur le présent CD c’est un répertoire éminemment baroque qui se voit traité — de Monteverdi à Haendel en passant par Purcell et Vivaldi — ainsi que des thèmes plus modernes, de Sting ou de Kallima-Potratz, y compris un standard, « My Favorite Things », dont c’est sans doute une des versions la plus inhabituelle.

La mezzo-soprano allemande Theresa Kronthaler, qui donne son nom au groupe, possède une magnifique voix typiquement baroque — même si on a pu l’entendre s’aventurer chez Donizetti ou Berlioz — et son chant est évidemment la ligne directrice mélodique du trio.

Mais ses deux partenaires instrumentistes ne sont pas en reste, aussi bien au niveau de la sonorité hautement cantabile de leurs instruments respectifs qu’en ce qui concerne leurs obbligatos et leurs brefs solos qui ont tous une saveur exquise.

On connaît bien le jeu inventif du guitariste finlandais Kalle Kalima et la contrebasse boisée et profonde de l’Allemand Oliver Potratz est également très présente sur la scène jazz européenne, quand elle ne se joint pas à un orchestre symphonique.

A eux deux ils offrent à la chanteuse un magnifique écrin intimiste et vibrant dont le charme indéniable devrait séduire les amateurs de musique de tous bords.

Musiciens :

Theresa Kronthaler : voix

Kalle Kalima : guitare

Oliver Potratz : contrebasse

Some Call Him Johnny Grey est sorti sous le label BMC Records, le 7 juin 2024

©Photos Istvan Huszti

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