Joann Monné Quartet- New Bottles, Old Wine

Quand les caves d’un jazz de tout âge retentissent au 21^e siècle. C’est ce que nous offre ce quartet drumless avec deux souffleurs particulièrement en verve dont le trompettiste n’est pas sans rappeler le jeu volutesque et turnaroundien de Tom Harrell (Encore… !)

Joan Monné, pianiste de Barcelone qui emmène ce quartet, a déjà promené son clavier avec quelques solides pointures, à l’image de Benny Golson, Dick Oatts, Don Braden, James Moody, Jean Toussaint, Bill McHenry, Joe Magnarelli, Peter King, Jesse Davis, Scott Hamilton, Harry Allen, Grant Stewart ou Peter Bernstein… Quand même !

L’album fait la part belle aux compositions personnelles du pianiste, excepté les relectures brillantes de deux standards My One And Only Love et All The Things you Are, qui sont aux dires du pianiste lui-même, des propres relectures de ses compositions avec un quartet sans batteur pour dit-il « donner une voix fraiche aux vieilles chansons ».

Convenons que cette relecture est particulièrement réussie, et constitue une première en somme, pour des musiciens encore peu connus dans le jazz hexagonal. Il faudrait des mentions spéciales pour les quatre musiciens, tant la présence et l’expressivité de chacun ressortent à chaque notes égrenées.

Surprenants d’un admirable respect de la partition dans les standards comme étonnants de virtuosité dans les nouvelles compositions, l’album mérite bien son titre ; il faut noter l’envolée parfaitement maitrisée du trompettiste sur « Homenage« .

L’ensemble est le signe d’une écriture résolument moderne bien qu’ancré dans un hard-bop très académique, avec des changements de rythme audacieux (Where’s Freddie), avec un jeu de saxophone qui se joue de la tessiture, donnant parfois des impressions de soprane qui voisine avec des chauds barytonnants. Un bassiste très présent dans sa soutenance…allez, disons…Mingusienne et qui renchérit un discours pianistique…allez, disons…Powellien !

Les couleurs sonores des souffleurs s’exposent encore sur Lluna avec un dithyrambe à la trompette qui sent la respiration continue, ou en navigation de conserve toutefois ponctués de chorus très savamment partagés (La Broma), à noter d’ailleurs la citation très surprenante, comme quoi dans l’excellence la loufoquerie peut se révéler géniale…

Un enregistrement où l’absence de batterie ne se fait aucunement sentir, le rythme et la ponctuation sont bien présents, sans doute la verve explosive des quatre maîtres de l’ambiance.

Un seul mot : un quartet de très haute volée. Et les épithètes d’écoute élogieuse devraient suivre.

Un jeune groupe, des nouvelles bouteilles, comme quoi ces quatre-là pourraient faire mentir l’adage. Il n’y a peut-être pas que dans les vieux pots…