Le dernier album sorti chez Vision Fugitive (16 novembre 2018) est une espèce d’ovni dans le paysage jazz actuel. Nous qui revendiquons « toutes » les couleurs du jazz, nous sommes ici servis.
Cette musique proposée par Jean-Marc Foltz est une musique inspirée des rites et des sagesses du monde, une sorte de voyage immobile comme il est indiqué.
Dans tous les cas il faut avoir voyagé et souvent loin, physiquement ou dans sa tête, pour oser s’attaquer à un tel projet !
Jean-Marc Foltz n’en est pourtant pas à son coup d’essai, puisque cette quête des rites et des coutumes, du sens profond des choses, de la recherche de la spiritualité, d’un sens à tout ce barnum qu’est la vie, il l’avait déjà pratiqué et mis sous presse avec son précédent opus, « Viracochas » déjà sorti sous le même label, 5 ans auparavant. Le décor des rêves justement, était l’Amérique Latine.
Ici c’est la rencontre avec « Nowaten » un Chamane Indien du Haut Michigan, qui a été le déclencheur du processus créatif. « Nowaten est un joli nom mais qui comme pour la plupart des noms des Indiens d’Amérique, signifie également quelque chose, là : « Celui qui écoute ». Ce qui tombe très bien quand il s’agit de musique et en l’occurrence de cette musique.
On ne dansera pas ni ne fera la fête avec les copains le vendredi soir en écoutant « Nowaten ». D’ailleurs est-ce qu’on écoute vraiment dans de telles circonstances ? Non.
Nous préconisons donc une écoute attentive, dans le silence environnant.
Et quelle meilleure thérapie que de se laisser emporter dans un voyage intérieur en écoutant le vent du « Premier Souffle » celui de la naissance ?
Tout en se laissant porter ensuite par l’enseignement des Chamanes, ces « Hommes des Quatre Vents », puis en se laissant embarquer dans « Un Voyage Immobile » avant de revivre les premières « Lueurs de l’Enfance », et qu’à l’adolescence l’on puisse jouer corps et âme à « Free Fall In Love »…
Les rites permettent de se retirer un moment du monde profane et « Ayahuasca » est une évocation de ces rites ancestraux chamaniques pour ensuite prendre le temps de rappeler à sa mémoire les amis chers « Hermanito » dans l’impermanence de ces « Mondes flottants »
Puis retour au Chamane « Nowaten » qui au crepuscule de sa vie est en paix.
Il s’agit d’un éloge de l’écoute et de la transmission… On est bien là parfaitement en phase avec l’esprit du jazz.
L’album et le voyage méditatif se terminent alors par « L’Étreinte du Serpent » une référence au film de Ciro Guerra. Avant de s’éveiller car il est « Time for Change ».
Le prolongement du souffle vital…
Il reste ainsi une part de mystère que nous vous laissons chers lecteurs-auditeurs, goûter.
Voici ce que Jean-Marc Foltz dit à propos de cet album :
« Entrons en musique comme on se laisse glisser dans un tableau.
D’un premier souffle naît l’étincelle qui transmute l’arc guerrier en instrument à cordes. Un geste confère aux percussions le pouvoir d’invoquer les éléments. Vertige.
De la rencontre des couleurs primaires émerge un infini possible, tissé d’espace et de silence. Un chant. Alchimie des convergences…
Ce disque évoque un périple intérieur à la façon des peuples anciens. Il s’inscrit dans une exploration des rites et des spiritualités du monde, née d’une fascination ardente pour les figures de sages.
L’esprit de « NOWATEN, Celui qui Ecoute), chamane indien du Haut Michigan, est venu à moi par synchronicité et porte en lui ce souffle qui illumine ma quête de sens. Il nous invite à la méditation – au voyage immobile- et à l’écoute profonde. »
Qu’ajouter à tout cela ?
…Que l’édition de cet album est très soignée et augmentée d’un très beau livret original de 40 peintures du batteur et donc …peintre, Ramon Lopez.
A l’heure où est écrite cette chronique le concert de lancement de l’album n’a pas encore eu lieu. Mais j’imagine une exposition de ces saisissantes peintures qui frappent l’œil et l’imagination dès le premier regard posé. J’imagine également une projection de ces peintures pendant le concert… La force de l’évocation.
Dans tous les cas, s’il vous plait, amis, lectrices assidues, Auditeurs passionnés, de Couleurs Jazz Digital Magazine, prenez le temps qu’il faut pour écouter pleinement cet album.
Personnellement j’ai horreur de ces CDs pour saunas, bien-être et relaxatio-méditations, avec des galets et de l’eau qui coule sur la pochette. Avec « Nowaten » on est à l’opposé. Laissez-vous emporter. Écoutez !
Line up :
Jean-Marc Foltz, clarinettes
Philippe Mouratoglou, guitares
Henri-Charles Caget, percussions, waterphone, psaltérion
Ramon Lopez batterie, tabla
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