Jan Lundgren & Yamandu Costa – Inner Spirits

Les duos piano/guitare ne sont pas si fréquents en jazz. Alors quand on nous en annonce un où la guitare est acoustique on est naturellement intéressé.

Curieux également car, en dehors du fait que leurs instruments sont réputés pour être difficiles à assortir, les deux musiciens viennent d’horizons et même de continents différents voire opposés.

A priori la route du pianiste suédois Jan Lundgren et celle du guitariste brésilien Yamandu Costa n’étaient pas prédisposées à se croiser. La rencontre eut pourtant lieu à Malmö, dans le sud de la Suède, en 2019 autour d’une table de restaurant et le courant qui passa tout de suite humainement mena vite à une série de concerts dont le présent enregistrement est l’aboutissement.

On ne s’étonnera guère de voir Lundgren s’intéresser à un musicien du Sud, lui qui a naguère formé le trio Mare Nostrum avec le Français Richard Galliano et le Sarde Paolo Fresu (auxquels il dédie deux titres du répertoire de « Inner Spirits »). Spécialiste de la guitare à sept cordes, Yamandu Costa est plus familier avec les musiques de l’Amérique latine qu’avec le jazz mais son ouverture lui permet de se sentir à l’aise dans de nombreux contextes et il n’est pas étonnant que la musique de Lundgren l’ait attiré.

C’est donc une rencontre à mi-chemin de deux univers qui nous est proposée et les deux musiciens se sont partagé les compositions en complétant leur répertoire par des thèmes de musiciens brésiliens familiers du jazz comme Antonio Carlos Jobim ou Luis Bonfa. S’il est un goût commun qui rapproche Lundgren et Costa c’est celui de la mélodie et tous deux font chanter leurs instruments en un entrelacs de lignes d’une grande pureté, aux sonorités lumineuses. Mais l’harmonie n’est pas en reste sous les doigts du pianiste qui déploie des accords somptueux derrière les arpèges aériens de la guitare.

Par ailleurs les deux partenaires se cantonnent dans les tempos lents et médium où leur science rythmique se donne libre cours en variant les approches, de la quasi-berceuse murmurée à la danse virevoltante.

En résulte une belle balade, à la fois intimiste et vibrante, dans des paysages sonores contrastés et enchanteurs.