James Brandon Lewis – Transfiguration

Timbre d’une densité remarquable, sonorité épaisse, débit volontiers torrentiel : James Brandon Lewis dans ce quatrième opus en quartet sur le label suisse Intakt continue à s’affirmer comme l’un des principaux héritiers de Sonny Rollins pour l’approche du ténor et de John Coltrane pour le jeu avec un groupe qui a conservé le même personnel depuis plusieurs années.

Le saxophoniste fraîchement quadragénaire propose ici un répertoire entièrement de sa plume où dominent les morceaux up tempo ou en tempo moyen où sa maîtrise de la tessiture du ténor est bluffante, sans oublier des thèmes plus apaisés où son lyrisme fait merveille. « Elan vital », le titre en français du dernier morceau pourrait d’ailleurs qualifier l’ensemble du disque.

Le jeu de piano du Cubain Aruan Ortiz est pour beaucoup dans la sonorité globale du groupe et le fait qu’il fonctionne par ailleurs en tant que trio avec la même paire rythmique composée des excellents Brad Jones et Chad Taylor ne contribue pas peu à la cohérence de l’accompagnement du saxophoniste.

L’une des caractéristiques principales du quartet est son impressionnante assise rythmique. D’ailleurs Lewis a enregistré voici quelques années en duo avec le batteur Chad Taylor, ce qui le situe clairement dans le droit fil des duos de Rollins avec Philly Joe Jones ou de Coltrane avec Rashied Ali.

Comme la plupart de ses compatriotes cubains, Ortiz possède un jeu de piano brillant tant sur le plan harmonique que rythmique. Son entente avec son leader est palpable et ses interventions en solo sont toujours intéressantes. Quant à la paire rythmique, elle est constamment stimulante et pratique un jeu pugnace et raffiné qui contribue amplement à la réussite de cet enregistrement d’une des formations phares du jazz d’outre-Atlantique.