Un au revoir à New-York signé par un bonjour au piano. Du passage de la nacre du saxophone à l’ivoire du piano, Franck Amsallem signe un opus qu’on aurait en d’autres temps qualifié de résonances Monkiennes.
On ne sait s’il faut suive l’intelligence ou la dextérité des deux mains, ou s’abandonner aux complaintes du saxophone d’Irving Acao. Il y a de la relance de guingois soutenue par une rythmique omniprésente, consensuelle, presque charnelle, à l’exposé du chant pianistique (Gotham Goodbye). Une mention spéciale pour le bassiste Victor Nyberg qui délie un fil chanté comme une toile qui enserre les volutes aérées du saxophone.
Après quelques années passées dans la grande pomme, Franck Amsallem de retour sur le vieux continent signe un enregistrement qui doit clore une période, et dans lequel figurent à la fois le doute, la mélancolie du départ mais sûrement aussi le chant questionneur d’un nouveL ailleurs. Pour preuve le jeu en rubrique baroque du saxophone sur « From Twelve to Four» qui sonne comme une ode au décalage horaire, avec une ligne de piano où l’on entend du Solal et du Satie teintée d’un ostinato à la Powell.
Comme un quartet très traditionnel avec un zeste de jeunisme, d’explorations qui se retiennent à l’ébouriffement. Sur des compositions très originales, dans lesquelles respire la maîtrise de l’accompagnement des grands, ce que fut le quotidien d’Amsallem à New York, en même temps qu’une audace dans une écriture toutefois respectueuse, la machine interroge et volupte à la fois.
La relecture du standard Last Night When We Were Young confirme l’impression. Parti pour étudier à la Berklee, Franck Amssallem nous fait étudier à notre tour. Est-ce de l’Histoire ou de la fiction ? La réponse est le tout, dans un jazz aux sonorités très contemporaines qui, au-delà de la traversée de l’Atlantique, aurait aussi traversé les jazz. Un quartet de grande classe.
Interprètes :
Franck Amsallem, piano ;
Irving Acao, saxophone tenor
Victor Nyberg, contrebasse
Gautier Garrigue, batterie.
Gotham Goodbye est un album édité sous le label Jazz & People
Merci les amis
Tout le plaisir est pour nous cher Franck. Merci pour la musique que vous fabriquez !