La violoniste devenue également chanteuse, Debora Seffer, revient avec un 9ème album. Le rythme de ses dernières productions discographiques, dernièrement environ tous les 5 ans*, est suffisamment rare pour être souligné et ce nouvel album, célébré ici.
Debora Seffer s’est fait connaître il y a quelques années quand, élève de Didier Lockwood, elle fut adoubée par ses pairs et de nombreux jazzmen importants tels que le pianiste Thierry Maillard, (1er album ensemble : « Silky » 1992) mais aussi, Ornette Coleman, Stéphane Grappelli, Marcel Azzola, Christian Escoudé, Biréli Lagrenne…
Une fois encore elle a pu inviter dans ce nouveau projet le gratin des musiciens de jazz, tous leaders de leurs propres groupes : le magnifique et sensible pianiste Thierry Eliez qui affirme une nouvelle fois son goût pour l’harmonie et pour le chant (sur quelques titres).
Aux percussions et à la batterie, l’excellent Pierre Marcault, qui multiplie les projets créatifs dans tous types de formations du duo au sextet avec, David Patrois, Laurent Cugny, Aldo Romano, Paolo Fresu, Franck Tortiller, Simon Goubert, Thierry Eliez, Francesco Bearzatti, Emile ¨Parisien…
Et finalement à la contrebasse, Le Cubain Felipe Cabrera, un homme qui enregistra pas moins de 8 albums avec le maestro Gonzalo Rubalcaba au piano. et joué aux côtés des plus grands. Depuis plusieurs années, il mène depuis la France une grande carrière de compositeur leader sur de nombreux projets.
Dans ce dernier album « Let Me Fly Away » Debora Seffer, franchit un nouveau cap. Elle affirme sa volonté et ses qualités de vocaliste comme une part importante de son talent qui n’est plus seulement reconnu comme violoniste virtuose. Il faut souligner que chanter et jouer du violon en même temps, n’est pas une capacité qui va de soi. Rien à voir avec l’accompagnement à la guitare ou au piano. Seuls quelques violonistes ou chanteurs y parviennent. C’est une performance.
Elle confie : « Tous mes disques précédents avaient leur propre âme, leur créativité, mais là, j’ai réussi à poser ma voix sur ma musique, à faire aboutir une métamorphose musicale où elle devient un instrument complémentaire de mon violon. Mes paroles ne forment pas une chanson, mais encadrent au contraire ma musique. C’est une nouvelle moi, extériorisant en partie ma personnalité pour enfin trouver ma place ».
Cet album a paradoxalement, comme pour beaucoup d’autres musiciens, bénéficié du confinement, période d’écriture et de créativité, que certains comme Debora Seffer ont su mettre à profit pour se remettre en question, pour aller dans de nouvelles directions, pour se concentrer et se consacrer à de nouveaux projets ! Et nous sommes donc les premiers à en profiter !
Pour notre plus grand plaisir « Let Me Fly Away » nous permet de découvrir 10 titres dont 7 compositions signées Debora Seffer. Dans « Scribble » un dialogue vif et jubilatoire s’instaure entre la contrebasse de Felipe Cabrera et les percussions de Pierre Marcault auxquelles répondent les scats inspirés de Debora, soulignés par son violon et le piano de Thierry Eliez.
Dialogue encore dans « Dance With Me » entre le piano de Thierry Elliez et soit la voix de Debora relayé par les cordes vibrantes de son violon rejoints finalement par les percussions.
Laissons nous entrainer jusqu’au bout du souffle de « Let Me Fly Away », qui constitue la talentueuse synthèse de tout l’album.
Trois reprises signées, Wayne Shorter (Aung San Suu Kyi) ; Pierre Marcault (A Breath) Herbie Hancock (Butterfly), un virevoltant papillon multicolore qui débute par deux voix onomatopées, celles de Debora Seffer & de Thiery Elliez et nous entraine par petits sauts, petites touches au piano, sifflotements joyeux, à travers le chant de Debora Seffer soulignés par les percussions de Pierre Marcault et la contrebasse implacable de Felipe Cabrera.
Un album qui brille par son originalité et vous propose un joli envol empli d’émotions.
(*) : « Au croisement des chemins ». 2017)
Let Me Fly Away est est une production du label ACEL (Association pour la Création et l’Edition en Liberté) – Parution février 2022
COMMENTAIRES RÉCENTS