Benjamin Sanz – Black Seeds

Le néo-hardbop est devenu une des principales branches du jazz contemporains et ses zélateurs sont nombreux aussi bien aux USA qu’en Europe.

Comment, dans ce contexte où les groupes fourmillent, affirmer sa singularité ?

En partie en proposant — comme le fait ici Benjamin Sanz — un répertoire original en grande partie de sa plume.

Ensuite, en s’entourant de sidemen possédant tous un jeu hautement personnel qui permet au quintet — la formule reine du hardbop historique — de sonner avec une fraîcheur bienvenue.

C’est donc un disque à la fois pétri de tradition et totalement moderne que nous propose le batteur-leader qui drive son combo de main de maître.

Les solos du saxophoniste cubain établi à Paris Ricardo Izquierdo sont gorgés d’une sève savoureuse et racontent tous une histoire.

Il en est de même avec les chorus de trompette de l’Américain Hermon Mehari dont la sonorité magnifiquement timbrée est un constant régal.

La rythmique du quintet est composée du pianiste et claviériste — lui aussi Américain — Rob Clearfield qui, outre son soutien harmonique, se distingue par d’excellents solos de piano acoustique ou de Fender Rhodes et du bassiste italien Luca Fattorini qui « tient la baraque » (comme il est coutume de dire) de façon magnifique.

Le jeu de batterie de Benjamin Sanz, dans ce contexte, est à la fois stimulant et discret et ce leader ne tire jamais la couverture à lui.

C’est sans doute le fait que ce groupe est composé de musiciens d’origines géographiques différentes qui lui permet de se distinguer de façon aussi remarquable.

Chacun apporte sa pierre à l’édifice et s’investit pleinement dans un projet auquel il croit profondément.

Tous ces musiciens sont par ailleurs leaders de leur(s) propre(s) formations et quand ils se produisent en sidemen — comme ici — ils ont une vision claire de comment un groupe doit sonner.

Une belle réussite, donc, de la part d’un batteur-leader et de ses comparses qui continuent à faire vivre un hardbop dont on n’a pas fini de découvrir les prolongements contemporains.