Skip to main content
Hit Couleurs JAZZ

J’en suis sûr (mais alors sûr de chez sûr), certains vont s’exclamer : « Ah !Ah ! : Herbin en coke ! ». Et bien laissez-moi vous dire qu’ils ont totalement tort. Je ne leur adresse désormais plus la parole car ce sont des faquins, des maroufles, des cuistres… voire des pleutres dont je me chaut peu (ça se dit ?).

Master Baptiste Herbin (Herr Doktor Herbhein, outre-Rhin et ce jusqu’à la frontière tchèque (si niais ?), n’est pas du genre à sniffer n’imp’ avant ou après avoir joué ou enregistré. Il n’en a pas besoin et n’en a cure (thermale ? Bien sûr que non, il ne carbure pas non plus à l’acqua simplex, halal ou pas). D’ailleurs il a choisi pour partenaires deux maestros aussi clean et aussi fortiches que lui dans leurs domaines. Et si je mets le pluriel à ces deux mots c’est que Sylvain Romano et André « Dédé » Ceccarelli ne sont pas uniquement des cadors de la basse somptueuse et profonde (pour l’un) et de la batterie crépitante et bondissante (pour l’autre), mais également des maîtres dans l’art du trio, avec piano, guitare ou — en l’occurrence (mais pas en loques) avec sax alto.

Reconnaissez que le trio avec alto ou soprano n’est pas — contrairement à leur grand (par la taille) frère le ténor — des plus répandu.

La référence dans ce domaine (j’allais dire « idiome ») est évidemment le « Motion » de Lee Konitz pour l’alto et Steve Lacy pour le soprane. Mais Baptiste n’est pas du tout un lacyesque ni un konitzien, puisque contrairement à feu son aîné Ricain feuj d’origine polonaise (mais pas niaise) il ne renie aucunement la marque que le Bird a posée sur lui post mortem (Bird, pas Baptiste qui est parti pour connaître une retraite heureuse autant que fougueuse — si tant est qu’il sache épeler le mot « repos » vous pouvez fumer, comme disent les mirlitaires) avec une évidente bienveillance, et ce dès son plus jeune âge.

Sous cette tutelle dont il s’est assez vite libéré après en avoir ingurgité et digéré la substantifique moelle, Baptiste s’est mis à oser dans diverses directions, dont le Brésil il y a peu et aujourd’hui les territoires du grand Manouche qui, comme tous les « gens du voyage MNES (ça veut dire Minorités Non Encore Sédentarisés dans la langue de bois administrative franchouillarde, mais les fonctionnaires qui y… fonctionnent peuvent toujours se brosser : nomade un jour, nomade toujours ! Les HomNES ne se laissent pas enfermer dans des cahutes ou autres apparts de 400m4, contrairement à d’autres que ma pudeur naturelle et culturelle m’empêche de nommer).

Cette longue parenthèse étant (enfin !) terminée, si on causait zik, les Amis (z’êtes toujours mes Amis, s’pas ?) ? Eh ben là y’en aurait pour des pages alors on va faire court mais bref, ce qui sur le Net n’est nullement une obligation (pas m’aime morale). Non, c’est juste pour vous éviter de vous endormir…

Ainsi donc ces trois gaillards s’attaquent pour commencer au magnifique « Django » de John Lewis, qu’ils magnifient magnifiquement par la magie de leur inventivité diabolique. Mé-co-nai-ssable le « Django », et je suis sûr que Lewis et Django s’en réjouissent et délectent en sirotant un Caol Ila sur leurs « Nuages ».

Pour le reste, ils égrènent des thèmes du répertoire du génial Gitan en les traitant à leur sauce, laquelle est épaisse, fluide, capiteuse, frissonnante d’émotions partagées (entre autres avec vous, chers lecteurs/trices). « Dédé » devrait s’appeler « Tony Q » (et c’est peut-être son 2° prénom, faudra que je lui demande), Sylvano Romain (je l’appelle ainsi pour le faire rire) est de bout en bout somptueux comme un empereur romain non pyromane ni tyrannique qui jouerait de la basse à cordes.

Quant à Baptiste, il porte avec une modestie qui n’a d’égale que sa valeur (oui, je sais : vous savez qu’elle est grande alors je n’insiste pas) la couronne de lauriers qui ornait le chef des chefs romains victorieux quand ils foulaient la chaussée saupoudrée de safran qui a depuis pris le nom de tapis rouge.

Et il le fait aussi vraiment hachement bien à l’alto qu’au soprano. Pourquoi je n’arrête pas de vous parler de Romains ? Parce que ça me plait et ça me plut naguère et ça plaira encore 1 2 C 4. Vous voulez parier ?

Donc voilà, je crois qu’on a fait le tour de la question : trois splendides zicos s’aventurent sur les terres Djangoesques et y plantent un drapeau aux couleurs aussi chamarrées qu’inattendues, ce qui ne manquera pas de vous tuer raides de plaisir.

Après vous irez confesser votre orgasme auditif si ça vous chante.

Moi, qui ne suis pas du tout catho ni m’aime fidèle génuflexant, je me contente de kiffer ma reum, d’autant que je les ai vus/entendus live à Noyon (mais ça, vous le savez puisque le compte rendu de ce superbe petit festival d’automne dans l’Oise se trouve sur votre site web musical favori. Même qu’il est signé…

Musiciens :

Baptiste Herbin : saxophones 

André Ceccarelli : batterie

Sylvain Romano : contrebasse

Django! est sorti sous le label Matrisse Productions, le 11 octobre 2024.

Cet album est un « HIT Couleurs Jazz« . Il fait partie de la sélection « BEST OF THE MONTH » pour  octobre 2024, sur Couleurs Jazz Radio.

©Photos Anne Bied

Laisser un commentaire