Skip to main content

Du 15 au 25 septembre 2023, s’est tenue la vingt-septième édition de l’International Ankara Jazz Festival(Ankara Caz Festivali). L’occasion de découvrir d’incroyables musiciens, trop rares dans  nos festivals hexagonaux ou en Europe occidentale. La formule est simple : 18 jours – 18 concerts, dans des lieux variés de la capitale, Ankara.

Touristes, nous sommes plus habitués à visiter la côte Anatolienne, la Cappadoce ou encore à l’ancienne Constantinople, Istamboul. Pourtant, Ankara, capitale administrative depuis Kemal Ataturk vaut vraiment le détour, comme nous en ont convaincu nos attentionnés guides.

Ankara est une capitale aux allures tout à fait occidentale avec nombre de voies rapides, de ponts, de tours d’habitations et de bureaux, de bâtiments administratifs, mais aussi ses rues commerçantes, ses centres commerciaux et son centre historique, haut lieu du caravansérail. Plus de la moitié des huit millions d’habitants dépendent ou travaillent pour l’administration, les universités (19 au total dont la moitié privées), l’armée et ses nombreuses officines et annexes du pouvoir central.

Nous reviendrons au cours de ce reportage sur l’aspect touristique d’Ankara fortement ancrée dans le plateau Anatolien. Le nom d’Ankara comme son symbole, est l’ancre de marine, bien que la première côte se situe à environ 270 kms. Il paraitrait que dans les temps très anciens, les habitants auraient récupéré les ancres des navires égyptiens après une victoire navale et les auraient transportée dans les terres jusqu’à la bourgade qui est devenue Ankara.

Pendant les trois premiers jours du Festival, nous avons eu la chance de pouvoir assister aux trois premiers concerts.

Mercredi 15 novembre

Kerem Görsev Trio

Cette soirée inaugurale dans un hôtel international de la capitale turque propose un trio de classique, piano-basse-batterie très solide.

Les premiers morceaux sont joués sur un rythme d’enfer – tambour battant serait l’expressions consacrée- tellement le batteur, s’en donne à cœur-joie.  Selon les journalistes locaux présents ce soir là, Ferit Odman serait vraisemblablement le meilleur batteur turc actuel. A la rythmique, il est solidement secondé par Kağan Yıldız, contrebasse.

On écoute de très beaux arrangements des standards du grand song book américain par Kerem Görsev au piano dans le respect de la tradition. L’homme a près d’une vingtaine d’albums à son actif et a déjà participé à de nombreux Festivals Jazz à l’étranger : Marciac, Umbria, Pescara, Bologna, Vilnius … Puis il enchaine sur un rythme de cha-cha-cha. « Happiness on my Mind ». Excellent interplay entre les membres du trio qui possèdent tous les trois la culture et l’histoire du jazz et de ses traditions. Les morceaux s’enchainent sans interruption comme dans une playlist, avec très peu d’interventions du leader qui ne s’exprimera qu’en Turc, évidemment, puisque l’auditoire est sans doute dans son immense majorité composé d’Ankariens.

Non seulement les trois musiciens ont une grande maîtrise technique, mais les chorus sont bien sentis, jamais trop longs, sans esbrouffe inutile. Un trilogue, comme lorsque l’on discute entre amis autour d’une verre. Le premier lance une idée, puis il est tout de suite soutenu par les deux autres qui tour à tour prennent le leadership.

Intéressante surprise également que leur propre composition « We Can’t » une balade un peu rapide faite de jolies arpèges montants et descendants.

Il y a du Errol Garner dans le jeu de Kerem Görsev qui joue de manière très déliée, puis soudain change avec une maîtrise parfaite des accords percussifs en « locked hands » à la Milt Buckner.

Sincère jazz qui swing et se permet de belles envolées vers l’orient à travers les plaines anatoliennes. Puis vient pour clore la soirée, « Mango » un morceau afro-cubain exécuté avec virtuosité et qui figurait déjà dans son album « Warm Autumn » en 2001

Standing ovation !

Et deux rappels seront nécessaires pour que le public accepte de finalement quitter cette soirée d’ouverture très réussie.

Jeudi 16 novembre

Telvin 4tet.

La deuxième soirée Jazz se déroulait dans la salle de la Turkish American Association Foundation. Le Telvin 4tet a comme leader, l’étonnant guitariste, Erkan Oğur. Un deuxième concert sold out.  Il était accompagné du batteur Turgut Alp Bekoğlu, de Can Çankaya aux claviers et de Kağan Yıldız à la contrebasse.

Des couleurs Jazz de toute beauté, une musique qui vous emmène en voyage dans l’histoire et la tradition des riches musiques folkloriques du Moyen-Orient. Il est bien clair que nous sommes dans une musique parfaitement jazz avec tous les ingrédients réunis pour une recette efficace : improvisations, liberté totale, chorus divins, écoute et dialogue entre les musiciens. Toujours on retrouve la guitare lead revenir aux mélodies de la musique traditionnelle. Les arrangements sont finement ciselés.

Le clavier de  Can Çankaya  et la guitare de Erkan Oğur offrent à nos oreilles attentives de riches ornements harmoniques. Une petite phrase est proposée par la guitare qui est ensuite reprise et enrichie par les différents instruments, par étapes successives pour arriver à un jazz de plus en plus libre. Il y a du Pat Metheny croisé avec du Larry Coryell dans ce jeu de guitare. Cela me fait penser également aux deux guitaristes que j’avais programmés pour le dernier Festival Jazz in Noyon : Ivan Marovic, le Monténégrin et le français Pierre Durand. On plonge dans les racines du jazz en partant du blues au jazz moderne actuel.

On peut qualifier cette musique il me semble, de jazz progressif fusionné avec de l’ethno jazz.

Ekgan Oğur est un musicien peu connu en France bien qu’il ait déjà donné un concert de musique traditionnelle à la Philharmonie de Paris en février 2007 où il jouait du luth, saz, kopuz et cümbüs.

Il est peu bavard sur scène. Incroyablement concentré, il indique après un peu plus d’une heure de concert, qu’il est fatigué car il s’agit d’une musique très difficile à interpréter. Et qu’il jouera le dernier morceau, avant de rentrer chez lui.

On le comprend. Succès total !

Il est possible de l’écouter maintenant – comme Kerem Görsev – dans Couleurs Jazz Radio. Puissent leurs musiques inspirer les programmateurs de Festivals et de salles de Jazz en France… Au lieu du sempiternel médiocre trompettiste d’origine libanaise, dont nous tairons le nom ici.

Au Festival d’Ankara, on y écoute du jazz original, peu de groupes étrangers, mais justement des musiciens locaux de classe internationale. Et la relève se prépare. Pour preuve la découverte d’un tout jeune guitariste, chanteur (15 ans !).

Vendredi 17 novembre  

Rüzgar Yıldırım Quartet

Le concert se déroule au C Samm’s Bistro,( prononcer « chez » le public est très divers et sans doute représentatif de la population d’Ankara, des jeunes, des personnes d’un âge plus mûr, des familles, des couples et pas uniquement hétérosexuels. Ambiance bon enfant, détendue. Le jeune Rüzgar Yıldırım, né en 2008, chemise, veste cravate, entame des standards du song book américain, avec détermination.

Malgré parfois un petit manque d’assurance et quelques fautes bien pardonnables vu son très jeune âge, nous sommes impressionnés par le potentiel.  Il est cependant à l’aise dans les graves et dans les scats bien sentis et pas trop démonstratifs. Il fait un peu penser à Jamie Cullum. Il ose des standards comme « I Fall in Love too Easily ». Pour sûr les occasions ne manqueront pas.  Le jeune homme vient d’être primé au concours Nardis Young Jazz Vocal Competition. C’est ce soir son 3ème concert.

Parions que Rüzgar Yıldırım ira loin.

Notons quelques-uns des artistes ayant participé cette année au Festival : Hakan Başar Trio, Yiğit Özatalayavec Barış Ertürk Mustafa Kemal Emirel, le bassiste français Renaud Garcia-Fons, Ahmet Berker, Nuri Bilge Ceylan,  le duo électronique du guitariste Onur Aymergen et du performeur Sinem İslamoğlu, et le quatuor acoustique du saxophoniste néerlandais Yuri Honing« , Arzum Biner Sextet

Nous ne saurions donc que trop recommander ce joli festival  dans une ville attachante.

Le Jazz est soutenu par l’Unesco, car le jazz défend concrètement depuis toujours cette haute idée de la liberté dans l’expression. C’était d’ailleurs le thème principal de cette édition. Aussi, en ces temps difficiles, ici comme partout, célébrons ces valeurs qui font des hommes et des femmes, des êtres vraiment plus humains. Vive le Festival de Jazz d’Ankara. Vive le Jazz !

Pourquoi faut-il  choisir de venir au Festival de Jazz d’Ankara… A part pour la qualité de la programmation et des musiques que l’on peut découvrir.

Les 800 000 étudiants (10% de la population) expliquent la forte activité culturelle de la ville, les expositions nombreuses, comme les concerts et les festivals qui ont lieu toute l’année.

Cette année 2023, la Turquie fête le centenaire de la République. Et Ankara devenue capitale grâce au père adulé de la nation, Mustafa Kémal Atatürk (né à Thessaloniki entre décembre 1880 et mai 1881 et mort à Istambul le 10 novembre 1938) était vraiment « The Place to Be !» L’alignement des planètes faisant bien les choses, c’était l’occasion de venir cette année au mois de novembre.

Son ombre a plané au-dessus de nos têtes  car nombreux sont les lieux où il est célébré : des places, des statues, l’ancien parlement, et surtout son impressionnant et très grand mausolée.

Entre autres grandes œuvres, il inscrivit la laïcité dans la constitution et supprima l’Islam comme religion officielle, donna le droit de vote aux femmes, abolit la charia et remplaça l’alphabet arabe par l’alphabet latin. Le 24 novembre 1934, l’Assemblée lui donne le nom d’« Atatürk », littéralement le « Turc-Père », au sens de « Turc comme l’étaient les anciens », le mot « Ata » voulant dire ancêtre.

Mausolée d’Ataturk

Ainsi, notre première visite fut pour son imposant mausolée, sur la colline d’Anit, Anıtkabir.

La construction du mausolée d’Atatürk a débuté en 1944. Bâtiment démesuré, on y arrive par une allée gigantesque, bordée de lions.

Une atmosphère de paix et militaire à la fois y règne, par les nombreuses processions et hommages qui sont rendus par différents corps de troupes qui se succèdent toutes les 1/2 heures environ. Les lignes architecturales sont sobres, les volumes imposants.

Les 800 000 étudiants (10% de la population) expliquent la forte activité culturelle de la ville, les expositions nombreuses, comme les concerts et les festivals qui ont lieu toute l’année.

Gordion

Gordion était la capitale de l’ancienne Phrygie, située dans la vallée du fleuve Sangare à environ 70 kms au Sud Ouest d’Ankara. Elle occupe une position stratégique et convoitée depuis toujours, permettant d’avoir la mainmise sur les terres fertiles environnantes. La cité était aussi située sur la voie de l’ancienne route commerciale qui traversait le cœur de l’Asie Mineure, qui deviendra la « route Royale » sous le roi Perse Darius Ier  Nous avons eu la chance de visiter ce site archéologique empli de vestiges de différentes époques à partir de l’âge de Bronze. Le nom Gordion fut rendu célèbre également à cause du nœud Gordien… dont l’empereur hellène, Alexandre le Grand se défit, en le tranchant directement d’un coup de sabre, nous dit la légende. Pourquoi donc s’ennuyer et y passer des heures…

Un tumulus royal fut l’objet de fouilles archéologiques en 1957. D’un diamètre d’un peu moins de 300 mètres, il est haut de 43 mètres. À l’intérieur de la chambre funéraire en bois, on découvrit le cadavre d’un homme (le roi Midas ou son père ?) ainsi que des inscriptions, parmi les plus anciens textes.

Le royaume de Phrygie périclita plus tard à la suite des invasions lydiennes, perses, puis macédoniennes, mais tout en conservant un rôle de pôle commercial prééminent jusqu’à l’époque romaine.

Le Musée d’Etat pour la Peinture et la Sculpture.

Le musée a été créé à la lumière des réformes d’Atatürk. Au début de la république turque, les beaux-arts tels que la peinture et la sculpture étaient rarement pratiqués en Turquie en raison de la tradition islamique qui veut que l’on évite l’idolâtrie. Grâce à ses efforts de modernisation, Atatürk a voulu changer cela. Il a cherché à créer un nouveau sentiment d’identité nationale par la promotion des arts, estimant que la culture devait être le fondement de la République turque.

Aujourd’hui, il est est un centre d’art où sont exposées les œuvres des artistes qui ont joué un rôle important dans le développement de la peinture et de la sculpture turques.

Il possède un magnifique opéra normalement fermé au public, mais qui nous fut ouvert par notre guide. Nous pûmes alors entrer par la loge d’Ataturk.

Le Musée jouxte un autre bâtiment qui abrite l’intéressant musée de l’ethnographie.

Celui-ci présente, l’art traditionnel turc de la période seldjoukide à nos jours.

Des vêtements folkloriques, des ornements, des chaussures, des sabots provenant de diverses régions d’Anatolie, des chaussettes pour femmes et hommes de la région de Sivas, des pochettes, des dentelles, des robes de mariée, des ensembles de rasage pour mariés font tous partie de l’ancien art traditionnel turc.

Une collection de tapis des régions d’Uşak, Gördes, Bergama, Kula, Milas, Ladik, Karaman, Niğde, Kırşehir, qui sont parmi les centres de tissage de tapis, avec des matériaux techniques et des motifs uniques.

Parmi les beaux exemples d’art métallique anatolien, on trouve des chaudrons mamelouks du XVe siècle, des chaudrons à sorbet ottomans, des cruches, des plateaux, des arcs, des flèches, des yataghans… ainsi que de beaux exemples de calligraphie turque.

L’un des plus beaux exemples de travail du bois turc : le trône du sultan seldjoukide Kaykhusraw III (13e siècle), le sarcophage d’Ahi Şerafettin (14e siècle).

Musée des Civilisations Anatoliennes.

Le clou des visites fut la visite de l’incroyable musée des civilisations anatoliennes.

Anadolu Medeniyetleri Müzesi), et aussi connu aussi sous le nom de Musée hittite. Il est situé en plein centre d’Ankara, sur le versant sud de la citadelle, dans le quartier d’Atpazan de la capitale turque. C’est le musée archéologique le plus important de Turquie.

Bien que prévu à l’origine pour accueillir les témoignages de la civilisation hittite, le musée présente aujourd’hui des collections de toutes les périodes, du Paléolithique aux temps modernes.

L’ancien caravansérail Kursunlu Han abrite les salles de lecture, la bibliothèque, la salle de conférence, le laboratoire et un atelier, tandis que le bâtiment ottoman de l’ancien bedesten(bazar couvert) héberge les collections de l’archéologie anatolienne depuis l’ère paléolithique, l’âge du bronze récent, la période hittitephrygienneurartéenne, grecque, hellénistiqueromainebyzantineséleucide et ottomane.

Pour bien faire, il faudrait passer plusieurs jours dans cet endroit où les objets sont superbement mis en valeur.

Le musée est installé dans deux bâtiments de l’époque ottomane : l’ancien bazar couvert Mahmut Paşa Bedesteni et le caravansérail Kurşunlu Han.

Les trouvailles de la fin de l’âge du bronze proviennent pour la plupart de la région de l’actuelle province de Çorum, au cœur de l’Empire hittite autour de la capitale Hattuša. Parmi ces objets de 1750 à 1200 av. JC figurent des vases en argile, dont des baquets, des récipients à tamis et des canthares, dont certains zoomorphes (taureaux, canards), des statuettes en bronze, mais aussi des sceaux et des documents cunéiformes.

Parmi ceux-ci, on trouve des copies du traité de paix entre les empires hittite et égyptien après la bataille de Kadesh, qui est le premier traité de paix écrit connu de l’histoire.

La pièce maîtresse de la période phrygienne (1200-700 av. J.-C.) est la réplique de la chambre funéraire du grand tumulus de Gordion, qui pourrait être la sépulture du roi Midas. Des récipients de bronze phrygiens tels que des chaudrons, des bols, des assiettes, des cruches tamisées, des louches et de nombreuses fibules en bronze qui proviennent également de Gordion et des environs, peuvent également être vus dans les salles sud et est.

La citadelle d’Ankara 

(en turc:Ankara Kalesi), est une fortification antique ou médiévale située dans la ville d’Ankara en Turquie. La date exacte de sa construction est inconnue.

Elle a été contrôlée par les Romains et les Byzantins avant d’être capturée par les Seldjoukidesen 1073, par les Croisés en 1101 puis les Seldjoukides à nouveau en 1227. Le château a été ensuite agrandi par Ibrahim Pacha en 1832 pendant l’époque ottomane.

La citadelle extérieure entoure la vieille Ankara. Elle possède 42 tours pentagonales le long des murs, qui varient entre 14 et 16 mètres de hauteur. Ses murs sud et ouest se coupent à angle droit, les murs est suivent les pentes de la colline et le côté nord a été protégé avec un type différent de murs défensifs.

Le Quartier d’Hamamönü

Devenant progressivement un centre touristique grâce aux campagnes de restauration et de rénovation qui ont été lancées et qui se sont vu décerner le prix ÉDEN de Destination européenne d’excellence par la Commission européenne en 2011, le quartier est devenu l’un des endroits les plus visités d’Ankara par les touristes turcs et étrangers. Ce quartier de la vieille ville est à l’abri des foules et du bruit caractéristiques des grandes métropoles, il est l’endroit de prédilection de ceux qui recherchent un lieu authentique et tranquille.

Les maisons de Hamamönü, qui reflètent la trame urbaine de l’époque ottomane et des premières années de la République, font perdurer les caractéristiques architecturales ottomanes et permettentd’imaginer l’ancienne Ankara.  Les ruelles donnent réellement l’impression d’être plongé au milieu d’une bourgade ottomane. Parmi les bâtiments importants datant de l’époque ottomane  et visibles dans le quartier, voir le hammam de Karacabey et les mosquées Taceddin Sultan et Hacı Musa.

Gastronomie 

Parmi les trésors que contient la capitale anatolienne, l’un d’eux et pas des moindres est la gastronomie. Un service toujours attentif, dans tous les restaurants, du plus modeste au plus huppé. Des légumes locaux et des fruits où l’on retrouve leurs vraies saveurs d’autrefois, à l’opposé de ce que propose l’industrie hollandaise que l’on retrouve trop souvent sur nos étals et dan nos assiettes. Un vrai festival pour les yeux et le palais.

 

Notre chauffeur guide.

©All Photos Gaby Sanchez for Couleurs Jazz

Photo Header from the room of Lugal Hotel Sheraton/Marriott, Ankara.

@goturkiye, @goankara #GoTürkiye and #GoAnkara

Laisser un commentaire