Tout droit sorti de la boite à surprises, le dernier disque d’Angelo Verploegen « The Art of Traveling Light » vient nous réminiscer les belles heures d’un jazz intimiste où Chet Baker entreprenait de la dentelle avec le guitariste Doug Raney.
Angelo Verploegen, assez peu connu dans nos contrées, est un trompettiste et bugliste hollandais qui tourne principalement dans son pays d’origine tout en s’étant payé quelques belles escapades aux Etats-Unis dans les années 1990. Il était à cette époque au sein d’un sextet batave (The Houdini’s) délivrant un pur jazz hard-bop qui leur a valu d’ailleurs les honneurs de la presse spécialisée US et quelques récompenses. Les enregistrements du sextet sont encore largement trouvables et évoquent quelque peu un jazz proche du jazztet de Benny Golson.
Aujourd’hui, Verploegen vole sous son propre nom et délaisse quelque peu la trompette pour se consacrer exclusivement au bugle, instrument avec lequel il nous a déjà gratifiés de quelques belles galettes dont « The Ballad Album » et « Executive Lounge » sont particulièrement remarquables.
La livraison d’aujourd’hui se compose de quelques standards, de morceaux plus contemporains et d’une création originale du bugliste. En trio, simplement accompagné d’un guitariste et d’un batteur, il renouvelle la tradition du trio pianoless en oubliant également la contrebasse, pour donner plus de poids au son épuré de son instrument de prédilection.
La lecture très académique de « You’d Be So Nice to Come Home to » dans le registre aigu de l’instrument laisse percevoir les qualités mélodiques du souffleur avec des turn-around proches d’une interprétation à la Tom Harrell. L’album entier fait penser aux aventures musicales du trio Baker/Rainey/NHOP, en renouvelant le style par des interprétations parfois plus audacieuses, la batterie à la place de la basse, peut-être… L’extrême maitrise de l’instrument par Verploegen lui permet une aisance sur tous les rythmes et les tonalités, avec une retenue qui ne cède en rien à la brillance du son sur « Een Beetje Zenuwachtig » et sans verser dans la prouesse uniquement technique. Le jeu reste toujours très mélodique, y compris sur des pièces plus aventureuses « File Under Exit » où les amateurs de la respiration circulaire pourraient bien y trouver leur compte.
Un album très intimiste et chatoyant pour autant, aux couleurs justes et profondes comme en témoigne la magnifique relecture de « Cry Me a River » qui démontrerait à elle seule toutes les qualités d’interprète de Verploegen et le reconnaitre parmi les grands de l’instrument. Et ce dans toutes les configurations orchestrales.
À noter la prestation d’ensemble du guitariste Wim Bronnenberg dont le contre-chant et l’appui sont bien au-delà de la posture d’un simple faire-valoir.
L’album se clôt sur un solo de bugle interprétant « In the Wee Small Hours of the Morning« , où l’instrument se suffit à lui-même, et nous invite à l’écoute de son jazz aux grandes heures du soir…
Angelo Verploegen, Un fabuleux bugliste à découvrir impérativement.
Personnel :
Angelo Verploegen : bugle
Wim Bronnenberg : guitare
Jasper van Hulten : batterie
Edité par : Native DSD/Just Listen Records
Photo Header : Courtesy of Just Listen Records. ©Django the Groot
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