Alba Neiva, la muse de cinq jeunes trentenaires qui s’emparent de leurs propres cultures pour nous offrir un voyage musical mélancolique aux rythmes mélangés.
Le 28 novembre 2018, le Sunset accueillait la sortie du premier album d’Alba Neiva. Alba Neiva, cette muse multicolore imaginée par un quintet de jeunes dont Didier Lockwood, qui nous a quittés trop vite, aurait été fier car quatre d’entre eux se sont rencontrés à son école le CMDL. « C’était une belle âme » dira Lucile Chriqui la chanteuse, « il aurait été heureux de découvrir Nils et de voir nos parcours».
Nils Frechilla, c’est le pilier du quintet. Quand il a commencé la guitare adolescent, il voulait jouer comme Jimmy Hendrix. Féru de rock et de blues, il découvre Biréli Lagrène qu’il n’aime pas d’emblée mais qui lui fait découvrir « tout ce qu’on pouvait faire avec une guitare ». Puis il découvre Django Reinhardt, Joe Pass et Wes Montgomery en prenant des cours à l’école Atla sous la houlette de Serge Merlaud. Mais pour ce premier album dont il signe la majorité des titres, c’est la rencontre entre ses origines espagnoles et le jazz qui le guide dans ses compositions : « j’ai toujours écouté beaucoup de musiques latines, de la salsa, du flamenco, des musiques argentines, sans en jouer mais quand je me suis mis à composer, ce qui est venu est un mélange de tout ce que j’aimais dans le jazz et dans ces musiques-là. »
Un premier album c’est un peu comme un premier roman…
Un premier album c’est un peu comme un premier roman, un premier film, une première œuvre, on a tendance à y chercher les défauts de jeunesse mais aussi ce qui sera l’originalité d’une nouvelle esthétique ou d’un choix assumé.
Dés le premier titre nous sommes fixés. Ce sera un album de voyage musical latino-arabo-andalou. Une esthétique qui prône le partage et qui porte un message de métissage « Effectivement avec un fils d’émigrés espagnol, une fille de marocain, un contrebassiste antillais, un batteur nourri aux rythmes de l’Afrique de l’ouest et un saxophoniste ouvert sur le monde, on mélange tout et ça donne Alba Neiva » précise Nils. « Pour moi c’est comme un but, que la musique ait une portée sociale, politique avec un message à travers des émotions, c’est comme ça que j’ai envie d’agir dans ce monde. Essayer de soulager les maux par les mots, par la musique » souligne Lucile.
Alors dans le deuxième titre Del Ayer, emportés par la voix suave de Lucile soulignée par le velouté du sax de Maxime Berton, la milonga danse au bout des doigts de Nils. Les voix se répondent, s’entremêlent, s’élèvent pour se fixer sur des notes multicolores. Le ton est donné, pour tout l’album.
Lucile Chriqui vient d’une famille d’artiste peintres et écrivains. Elle a commencé le piano à l’âge de 5 ans mais chanter est devenu très vite un défi : « j’adorai le chant, j’arrivais à chanter seule mais pas devant les autres. J’avais tellement de choses à dire qu’il fallait que j’y arrive. Alors j’ai commencé à prendre des cours et à fréquenter le conservatoire de Jazz de Paris avec Sarah Lazarus».
Maxime Berton est difficilement classable. Virtuose nourri de multiples influences, il pourrait être le digne héritier de Rollins, Henderson et Brecker réunis. Et c’est pour ses talents d’improvisateur que Nils est allé le chercher : « Quand j’ai débuté ce projet, je voulais un instrument improvisateur en plus de la voix car j’ai toujours pensé deux voix en composant. Alors j’ai contacté Maxime». Et c’est bien ! … Si ce n’est qu’on pourrait regretter le côté un peu sage de ses acolytes face à ses facéties. « Non c’est voulu ! Au départ on voulait faire des chansons qui parlent à tout le monde et comme on a de belles harmonies avec un saxophoniste un peu fou, il y en a pour tous » précise Nils. « Il y a sans doute un équilibre à trouver. On est en recherche» souligne Lucile « Maxime c’est un improvisateur incroyable mais il y a aussi Zacharie Abraham à la contrebasse qui apporte un groove particulier, une esthétique qui lui vient de ses origines antillaises. On ne voulait pas que des musiciens de Jazz mais qu’ils soient aussi ouverts sur d’autres couleurs. A la rythmique nous avons le merveilleux Arthur Alard. Pour le coup nous avons fait nos deux années à Lockwood ensemble et Arthur a un jeu très très fin. »
Voilà un bel album, autoproduit et financé en crowdfunding, dont la jaquette est signée de Jacky Chriqui, le papa de Lucile. Notre jeune quintet est fier de l’entendre actuellement sur Fip, Rfi, France Bleu et bien sûr Couleurs Jazz Radio. Voilà un bon début pour ce charmant quintet qui méritait bien un HIT COULEURS JAZZ et dont on attend déjà le deuxième opus. A suivre…
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