Tomer Cohen – Not the Same River

Décidément New York semble être la destination privilégiée pour les jazzmen israéliens qui y s’intègrent harmonieusement à la scène locale.

Dernier en date de ces émigrés, un jeune guitariste de 25 ans nommé Tomer Cohen.

Pour son premier disque sous son nom il a choisi la formule du trio qui — au vu des vidéos de lui présentes sur YouTube —semble être son type de formation favori. Elle lui permet, dans une configuration où il est le principal soliste, de déployer un jeu d’une remarquable fluidité au niveau du phrasé, d’une grande élégance sur les tempos moyens et qui s’autorise de brèves accélérations où sa maîtrise du manche est totalement bluffante, d’autant que Cohen possède une technique originale qui mêle jeu au médiator et en fingerpicking.

Pas de trace d’influences de la triade Scofield/Metheny/Frisell chez ce guitariste qui privilégie une sonorité claire sans effets de pédales ni autres gimmicks.

Sur un répertoire entièrement dévolu à ses compositions, Cohen affiche une prédilection pour les thèmes chantants où affleurent ici ou là des influences folk au niveau mélodique et harmonique.

Pour ce premier enregistrement Tomer Cohen s’est entouré de deux piliers de la scène newyorkaise : le bassiste néozélandais Matt Penmann qui multiplie les séances en sideman depuis son arrivée dans la Grosse Pomme au milieu des années 90 et à la batterie Obed Calvaire, un jeune quadragénaire que l’on peut entendre aussi bien en big band avec le trompettiste Wynton Marsalis qu’en petite formation au côté du bassiste Dave Holland.

Deux musiciens éclectiques, donc, qui offrent à leur leader une assise à la fois confortable et stimulante tout en fonctionnant davantage comme des partenaires à part entière que comme une simple rythmique.

Voici donc un disque d’une grande maturité et qui ne sonne pas comme une performance pour fans de guitare mais comme un effort collectif privilégiant la musicalité et non la virtuosité.

Tomer Cohen est clairement un musicien à suivre de très près !