The Rongetz Foundation revient après quatre albums très remarqués avec ce nouvel opus intitulé Velvet Bullet. Stéphane Ronget en leader est à la trompette accompagné des meilleurs musiciens de la scène Newyorkaise.
Une fois n’est pas coutume, nous reproduisons ici le texte original du dossier de presse qui annonçait la sortie de cet album :
Trois ans après Alphabet City Music Club, j’étais de retour à Alphabet Street.
C’est là que j’aimais enregistrer, dans ce studio planté dans un carré d’avenues du sud de Manhattan, là où le parfum de la criminalité passée flottait encore dans l’air même si les lames de couteaux étaient depuis bien longtemps parties s’éclairer sous d’autres réverbères.
Encore une fois, j’avais liquidé ma précédente Foundation et en avais mis une nouvelle sur les rails. Toujours avoir du juice frais pour ne pas ronronner… La donne avait toutefois un peu changé puisque la cabine de voix resterait inoccupée pendant toutes les sessions. Les mots entraînent parfois une réflexion supplémentaire au détriment d’une musique que je voulais cette fois centrale.
Sans qu’ils ne le sachent, chacun des musiciens présents avait fait l’objet d’une surveillance renforcée avant l’approche définitive. Les cv étaient flatteurs, mais on n’est jamais à l’abri d’une déconvenue aussi, je me devais de les jauger mais surtout de m’assurer de leur fiabilité au moment de rentrer dans la Rongetz Foundation. Que tous puissent fonctionner comme un groupe, sans déséquilibre ni envie de jouer une partition de soliste.
Une paire basse-batterie, un saxo, un percussionniste. Rien d’électrique. Sans vivre dans le passé glorieux de ses aînés, mon socle jazz connaissait ses partitions funk, soul ou hip hop, soit parce qu’il en écoutait, soit parce qu’il avait collaboré avec d’autres artistes évoluant dans ces milieux. Voire les deux. Les bases augmentées du présent, mais les oreilles dans le futur, exactement ce qu’il me fallait.
J’avais noirci des pages de portées et d’arrangements, griffonné des idées, des directions à prendre et des attitudes à dégager mais, surtout, j’avais en tête de contraster l’ensemble en lui ajoutant une flûte et un vibraphone.
Venu de la Nuyorican soul, jouant exclusivement de la musique sud-américaine, le flûtiste allait donner de l’aérien au groove, virevolter au-dessus de lui. L’agresser violemment, le défier quitte à ce que tout se termine en corps à corps dans la ruelle de derrière, juste devant la sortie de secours.
Recommandé par Herbie Hancock ou Mister Q. le vibraphoniste serait là pour donner de la profondeur et une dimension astrale, de celle qui enluminait le sillon des productions 70’s. Il était français, comme le boss du studio et moi. La French Connection version jazz, d’autant que j’allais piloter le tout, me charger de guider les sessions, de garder le cap et la cohérence, de définir les couleurs, le son et le grain, occasionnellement j’allais aussi passer le pavillon de ma trompette ici ou là.
En sortant au petit matin, je pris conscience que ce holster sous ma veste n’avait plus aucune utilité dans le Alphabet Street d’aujourd’hui. Ce flingue ne me servait à rien. Je vidai toutes les chambres du barillet, laissant le tintement métallique des munitions résonner dans la rue déserte.
Je ne le rechargeai qu’avec une seule et unique balle. Une balle de velours.
Franck Cochon
Interprètes :
Simon Moullier, vibes ;
Jonathan Barber, batterie ;
Tivon Pennicott, saxophone ténor ;
Alexander Claffy, basse acoustique ;
Carlos Jimenez, flûte ;
Keita Oggawa, percussion ;
Stéphane Ronget, trompette.
©Photos Anna Yatskevich
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