Alain Pailler a consacré trois ouvrages à l’œuvre de Duke Ellington dont il est un connaisseur enthousiaste et passionné : « Duke et ses hommes » (Actes Sud, 1998), « Duke’s place » : Ellington et ses imaginaires » (Actes Sud, 2000) et « Ko-Ko » (Alter Ego, 2011) qui vient de faire l’objet d’une nouvelle mouture parue aux Éditions Frémeaux & Associées sous le titre « Ko-Ko : Duke Ellington en son chef d’œuvre« .
Ko-Ko est la composition de Duke Ellington emblématique des fameuses séances « Jimmy Blanton, Billy Strayhorn et Ben Webster » dont l’auteur fournit une analyse pertinente en la situant dans l’histoire de l’orchestre mais aussi dans le contexte plus général de l’époque.
Ko-Ko. Duke Ellington en son chef d’œuvre. Nouvelle édition revue, corrigée et augmentée, par Alain Pailler – Éditions Frémeaux & Associés, 2024
Sont ainsi évoqués le style jungle pratiqué durant les années 20 et 30 pendant l’épopée du Cotton Club, le charme des belles mélodies dont le temps fera des standards du jazz, le cachet unique des pièces empreintes de l’esprit du blues et des premières formes concertantes ; donc autant d’éléments d’une magie sonore à laquelle « chaque musicien apporte sa touche unique, à partir d’une trame imaginée, tantôt dans ses grandes lignes, tantôt dans le moindre détail, par le maestro Ellington. »
Sont examinées d’une manière critique les différentes versions de Ko-Ko interprétées par l’orchestre du Duke ou par d’autres (Claude Bolling, John Lewis, Don Sebesky, Steve Lacy…) et l’importance de ce titre dans l’œuvre de Charles Mingus et Miles Davis.
Avoir associé à cet ouvrage, les quatre CDs du coffret intitulé « Duke At His Very Best : The Jimmy Blanton – Billy Strayhorn – Ben Webster Sessions. Legendary Works 1940-1942 » concocté par Alain Pailler et Tony Baldwin est une judicieuse initiative permettant d’apprécier, dans les meilleurs conditions d’écoute, la richesse et la variété du répertoire du big band ellingtonien attestées par Jack The Bear, Conga Brava, Concerto For Cootie, Cotton Tail, Harlem Air-Shaft, All Too Soon, Sepia Panorama, mais aussi portées par des titres en petites formations publiés sous le nom de Johnny Hodges, Rex Stewart, Barney Bigard et des pièces comme Perdido et C Jam Blues qui deviendront des standards.
Ces morceaux constituent ainsi autant d’occasions de savourer les arrangements écrits de main de maître par Duke Ellington et son alter ego Billy Strayhorn qui inspiraient tant les solistes du groupe : le trio Jimmy Blanton, Ben Webster, Billy Strayhorn, bien sûr, mais aussi Cootie Williams, Rex Stewart, Ray Nance, Lawrence Brown, Joe Nanton, Juan Tizol, Barney Bigard, Johnny Hodges et Harry Carney.
Un soin tout particulier a été apporté à la qualité sonore de ces enregistrements qui permet au lecteur-auditeur de savourer la puissance et la souplesse de la pulsation générée par le grand contrebassiste Jimmy Blanton dont le jeu révolutionnaire manifeste toute son expressivité dans les faces en duo avec Duke (Pitter Panther Patter).
Signalons pour finir que cette réalisation reprend presque à l’identique le contenu des trois volumes du coffret « Duke Ellington: The Blanton – Webster Band » (RCA/Bluebird 7432113181 2), paru en 2003, en y ajoutant vingt-quatre faces gravées en petite formation.
Un témoignage précieux d’une époque particulièrement brillante de la production ellingtonienne qui connaîtra bien d’autres réussites dans les années à venir.
« Duke At His Very Best : The Jimmy Blanton – Billy Strayhorn – Ben Webster Sessions. Legendary Works 1940-1942 » (Frémeaux & Associés)
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